Depuis qu'Aboudjerra Soltani a annoncé qu'il ne briguera pas un autre mandat à la tête du Mouvement de la société pour la Paix (MSP), un silence total s'est fait autour de son remplaçant. Est-ce la rançon de la discipline du parti ou une tactique visant à préserver le parti d'éventuelles interférences ? On se souvient qu'à la mort du leader charismatique du parti, Mahfoudh Nahnah, la lutte pour s'emparer de la tête du MSP a failli créer une scission interne. Il est vrai qu'aujourd'hui le MSP n'a plus l'audience qu'il avait du temps du cheïkh. La débâcle des deux derniers rendez-vous électoraux l'a fortement amoindri, enregistrant le départ plusieurs militants et cadres, à l'instar de Amar Ghoul, qui a créé sa propre formation politique. Qui alors pour remplacer Soltani ? Deux noms circulent avec insistance : Abderrahmane Saïdi et Abderrezak Mokri. Le premier, président du conseil consultatif et, de surcroit, un proche du défunt Nahnah, est fortement pressenti pour prendre la tête du parti. L'homme qui sait manier le verbe, possède autant de qualités nécessaires pour ramener au bercail une base militante désarçonnée par les choix de Soltani. A la veille du congrès, ce natif de Blida, fief du MSP, est considéré comme le sauveur du parti. « Il est prématuré de parler de ma candidature. Il est aussi inconcevable que quelqu'un parle de sa candidature en dehors du congrès. Car la liste des candidatures se fera lors de cet événement », estime le concerné. Celui qui est considéré comme le deuxième homme du parti rappelle en filigrane qu'une annonce de ce genre pourrait attiser les querelles. « Les militants du parti restent sereins pour préparer le congrès dans de bonnes conditions afin d'éviter tout conflit », note-t-il. Quant à la décision d'Aboudjerra de ne pas postuler à la présidence du MSP, le président du Majliss echoura estime « qu'elle prouve que le parti opte démocratiquement pour l'alternance ». « Avec cette décision, je pense qu'il a voulu couper court à toute éventuelle spéculation pour aller vers un congrès serein et discipliné et se préparer à l'échéance de la présidentielle de 2014 », note-t-il. L'autre figure de proue du MSP, le député Abderrezak Mokri, qui semble être le seul rival de Abderrahmane Saïdi à la direction du parti, refuse, lui aussi, de confirmer sa candidature estimant que c'est une question interne. Reste que face au « sage » Saïdi, le bouillon député et vice-président du MSP a peu de chances de se voir plébiscité lors du congrès. L'homme, jugé par ses pairs trop « spontané », n'a pas la langue dans sa poche.