Pas moins de 90 toiles et tableaux sont exposés à l'auditorium de l'entreprise nationale de radiodiffusion (ENRS) aménagé en galerie pour la circonstance. Comme à l'accoutumée, le professeur de peinture et de dessin Ahmed Boukraa est le premier arrivé sur les lieux après avoir consacré une journée à placer les différentes créations de ses apprenants. Discret, lui-même artiste peintre cela va de soi, Cheikh Ahmed, comme l'appellent les « élèves », explique que cette expo sanctionne un travail d'une année. Acryliques, gouaches, aquarelles, peinture à l'huile, dessins aux crayons de couleur, représentant des morceaux de vie, sont là. « Je suis fier de ces femmes et de ces hommes évidemment qui pour nombre d'entre eux fréquentent la société des Beaux-Arts d'Alger depuis plusieurs années. Malgré une maîtrise certaine de l'art de la peinture, ils continuent à venir aux cours. Cela explique que mes efforts à instruire l'art ne sont pas vains », dit-il. Il est vrai que, selon certaines jeunes filles, le maître ne badine pas sur les séances de cours. Point de bavardage, pas d'heure creuse et au premier coup d'œil, le maître évalue les capacités des nouvelles recrues. A cet effet, Cheikh Ahmed signale que la majorité des apprentis et néophytes sont ...des femmes. Elles s'accrochent et font des reproductions de belle facture. Ce qui fait dire à l'une d'entre elles avec plusieurs printemps en poche : « Les Algériennes ont du génie ! ». On ne peut opposer un démenti lorsqu'on voit la reproduction d'une toile du peintre orientaliste français Emile Marquette, aquarelliste de la fin du 19e et début du 20e siècle. La réplique d'un portrait d'une jeune fille de Biskra sans doute, avec ses « mqafelles », boucle d'oreilles, cerceaux en argent massif, est parfaite. Cette représentation est la création d'Amina Boudbouda, qui n'a que 9 mois de présence au sein de la société des Beaux-Arts d'Alger. Une prouesse pour cette future artiste-peintre. Il en est de même pour la toile, représentant « jeune femme ottomane » également copie de Khadîdja Mhenni. Lila de Boumerdès, admirative face au travail réalisé par les membres de l'association, confie d'une voix candide : « Je suis venue pour devenir une artiste. C'est mon rêve ». En cette première journée d'exposition qui durera jusqu'à la veille du mois sacré, amis, parents, curieux et même employés de l'ENRS sont venus encourager les futurs artistes-peintres. « Pour le moment ce sont des copistes d'œuvres d'art, le jour où ils créeront leurs propres œuvres avec des années d'expérience, ils pourront à leur tour devenir des maîtres au sein de la famille artistique algérienne », commente Ahmed Boukraâ. Le choix des toiles et dessins exposés est vaste : l'incontournable Casbah d'Alger grand amour des rêveurs et poètes, paysages du Sud algérien, femmes voilées, panoramas marins et nature morte. Le visiteur peut acheter l'œuvre qui lui a valu un coup de cœur. « Cela peut varier entre 2000 et 15000 SA », signale Cheikh Ahmed. Avis aux amateurs !