Un oui net et sans équivoque pour contrer la campagne de diabolisation et, in fine, la réédition du scénario irakien. C'est donc dans « l'immédiat » que les enquêteurs onusiens, venus spécialement pour les cas d'utilisation présumée d'armes chimiques à Khan El Assel, Homs et Atabyah, sont invités à poursuivre leur travail d'investigation sur les lieux mêmes de la tragédie qui a mobilisé les apôtres du « devoir d'ingérence » en quête d'alibi pour légitimer une intervention militaire. « Un accord a été conclu aujourd'hui à Damas entre le gouvernement syrien et les Nations unies durant la visite de la haute représentante de l'ONU pour le désarmement, Angela Kane, pour permettre à l'équipe des Nations unies, dirigée par le professeur Aake Sellström, d'enquêter sur les allégations d'usage d'armes chimiques dans la province de Damas », a annoncé le ministère syrien des Affaires étrangères. Il reste seulement au gouvernement syrien et à l'ONU de fixer la date et l'heure de la visite aux endroits concernés. Le geste de bonne foi de la Syrie, qui tente de desserer l'étau euro-atlantique, participe surtout d'une démarche de clarification. Pour le chef de la diplomatie, Walid Mouallem, la conclusion de l'accord traduit la volonté de coopération de la Syrie « pour prouver que les allégations des groupes terroristes sur l'utilisation d'armes chimiques par les troupes syriennes dans la région de la Ghouta orientale étaient mensongères », a-t-il souligné lors d'une rencontre avec l'émissaire onusienne Angela Kane. Sous haute pression, Damas, qui clame vainement son innocence, est confronté aux tirs nourris d'un Occident qui se dit convaincu de la responsabilité du régime de Bachar al Assad. Les griefs : tantôt « un faisceau d'évidence » brandi par le président français, François Hollande, tantôt le refus d'un « accès immédiat et sans entrave au site » soulevé par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Suffisant pour établir la culpabilité incontestable de la Syrie ? Le traitement partial donne la part belle à l'opposition lavée de tout soupçon. Qui donnera du crédit à la thèse de Damas pointant le doigt accusateur sur les rebelles maîtres de la région de Jobar et ayant eu recours aux gaz toxiques pour repousser l'offensive de l'armée régulière ? La messe est dite. Entre Washington prête à « toutes les options » et le camp des interventionnistes, le fil ténu du « crime chimique » ne laisse plus de doute sur l'issue de la nouvelle aventure guerrière. Face à la « ligne rouge » que Washington et l'Europe s'apprêtent à franchir en Syrie, l'Iran est monté au créneau en promettant de « dures conséquences » dans le cas d'une intervention armée. Voire, selon Damas, un embrasement généralisé.