Au lendemain d'une journée particulièrement sanglante, l'Egypte s'est réveillée, hier, au rythme des attentats qui font redouter un scénario apocalyptique. Devant un commissariat de police de la station balnéaire d'Al Tur, au sud de la péninsule du Sinaï, une voiture piégée a explosé, faisant deux morts. Dans le canal de Suez, à Ismaïliya, cinq soldats ont été tués par des inconnus qui ont ouvert le feu sur leur patrouille. Au Caire, des roquettes ont été tirées sur le centre de communication satellitaire, à Maâdi, provoquant la destruction d'une antenne qui sert à relayer les communications téléphoniques internationales. Cette flambée de violence intervient au moment où les nouvelles autorités et les pro-Morsi s'accusaient mutuellement des violences survenues, dimanche, lors des célébrations du 40e anniversaire de la guerre israélo-arabe de 1973. Au moins, 51 personnes dont 47 au Caire y ont perdu la vie et quatre autres ont péri dans des manifestations organisées dans diverses villes égyptiennes. « Des heurts ont éclaté entre des résidents et des Frères musulmans qui ont voulu gâcher les célébrations de la victoire du 6 Octobre avec des armes et de la chevrotine », a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Tout en ajoutant que « les forces de sécurité ont réussi à s'interposer et contrôler », le porte-parole du ministère, le général Ayman Helmi, a précisé que « la police a fait usage uniquement de gaz lacrymogène ». De son côté, l'Alliance pour la démocratie et contre le coup d'Etat, émanation de l'association dissoute des Frères musulmans, qui avait appelé à la manifestation, a soutenu que les manifestants « pacifiques » ont « été attaqués de sang-froid par les forces du coup d'Etat ». Le bras de fer se durcit entre les islamistes appelant à la poursuite des « marches non violentes » et le pouvoir, déterminé à mettre fin à la déstabilisation. Le spectre d'un nouveau cycle de violences hante l'Egypte, en état d'urgence depuis le 14 août, soumise au couvre-feu nocturne et quadrillée par un impressionnant dispositif militaire. Après une brève accalmie, cette nouvelle hécatombe fait redouter une spirale de violence aux graves conséquences sur la stabilité et la relance économique. De Djeddah, où il a été accueilli à son arrivée par le prince héritier, Salmane ben Abdel Aziz, le président égyptien, Adly Mansour, a affirmé qu'il travaille au rétablissement des relations politiques et à la reprise de la coopération bilatérale, interrompue sous l'ère Morsi. L'Arabie saoudite a apporté une aide de cinq milliards de dollars à l'Egypte du nouveau président Adly Mansour, tout particulièrement reconnaissant au soutien saoudien au moment où, fera-t-il remarqué, « certains pays occidentaux avaient affiché une position hostile et menacé d'interrompre leurs aides à l'Egypte ».