Le pire est donc arrivé. Hier, Kiev a lancé une opération « antiterroriste » pour tenter de déloger les insurgés armés à Slaviansk, à l'Est de l'Ukraine, retranchés depuis samedi dans les bâtiments de la police et des services de sécurité. L'offensive a fait « des morts et des blessés », selon le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov. Dans cette nouvelle guerre froide, relancée par la crise de Crimée, l'Ukraine est à son tour happée par la déferlante séparatiste qui agite les régions orientales en proie, depuis le 6 avril, à une insurrection proclamant une « république souveraine » dans la grande ville de Donetsk qui réclame le rattachement à la Russie ou, au mieux, l'instauration du fédéralisme. Kiev, qui est opposée au projet de « décentralisation », est passée à l'action, malgré la mise en garde de Moscou contre le recours à la violence et les assurances données sur la non-ingérence et le non-rattachement des régions à la Russie. Le bras de fer mobilise l'Occident criant à l'unisson à la déstabilisation et à l'ingérence militaire du puissant voisin. Dans un communiqué, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a appelé la Russie « à apaiser les tensions et à retirer les très nombreuses troupes, notamment les forces spéciales, présentes dans les zones proches de la frontière ». L'arme des sanctions est brandie par John Kerry, dénonçant les attaques « orchestrées et synchronisées » et menaçant de « conséquences supplémentaires » dans le cas où « la tension ne retombe pas et si les troupes russes ne se retirent pas de la frontière ». Même si la conférence de Genève regroupant la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne, est présentée comme une lueur d'espoir, les menaces occidentales ont fait bouger Moscou qui a lancé la « guerre du gaz ». Poutine a annoncé la rupture des livraisons à l'Ukraine si les milliards de dettes gazières ne sont pas réglées. L'Union européenne (13% du gaz consommé transite par l'Ukraine) est en danger d'approvisionnement. Des négociations sont parallèlement entreprises avec la Chine pour garantir l'accès au marché chinois. Le patron de Gazprom, Alexeï Miller, s'est rendu cette semaine à Pékin pour y entamer des discussions. En visite à Pékin, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, qui prépare la visite de Poutine prévue dans le courant de l'année, ne manquera pas d'évoquer la situation en Ukraine qui nécessite une « attention particulière » notamment avec un partenaire manifestant « une compréhension de l'ensemble des facteurs, y compris historiques, qui ont conduit aux nouvelles réalités dans la région ». La guerre froide aux portes de l'Asie ?