Un an après, la ligne Zouaghi-Banabdelmalek connaît un vif succès et répond aux besoins de mobilité des Constantinois. Pour les autorités, c'est le projet phare du programme de modernisation de la ville des Ponts. Esthétique, économique, rapide, propre et pratique, le tramway relie le centre-ville à Zouaghi sur une distance de 8,1 km. Il permet ainsi d'éviter les bouchons interminables aux heures de pointe. Ali, 52 ans, père de famille et habitant la cité Tlemcen à Zouaghi, est fan de ce moyen de transport : « Mes deux enfants sont scolarisés au centre-ville et tous les jours, ils prennent le tram. Je suis tranquille. Pour ma part, je l'emprunte lorsque j'ai une course à faire au centre-ville. C'est très pratique et surtout rapide, le trajet dure moins de 25 minutes alors que d'habitude avec ma voiture, je mets plus de 40 minutes. Même si nous avons souffert avec les travaux, le tram a toutefois changé les habitudes et modifié le visage de la ville. Les gens sont contents et jaloux de leur tram, et beaucoup attendent avec impatience l'extension vers la nouvelle ville Ali-Mendjeli. » Construction d'une gare multimodale Le tramway est non seulement au cœur du développement du réseau de transport public de Constantine mais sa mise en exploitation a permis de créer des emplois, plus de 600, entre conducteurs, agents de sécurité et de maintenance, etc. L'extension de la ligne du tramway de Constantine de Zouaghi vers l'aéroport Mohamed-Boudiaf sur une distance de 2,7 km, puis vers la nouvelle ville Ali-Mendjeli (13 km) a été confiée au groupement Cosider Spa (Algérie)/Alstom (France)/Corsan Corviam (Espagne) pour un montant de 34,7 milliards DA et un délai de réalisation de 35 mois. Mais avant d'en arriver là, les pouvoirs publics, les entreprises Pizzarotti et Alstom ont dû batailler pour concrétiser un tel projet dans une agglomération connue pour ses rues étroites. Tout commence en 2005 avec l'étude préalable à sa réalisation confiée au bureau d'études français Ingerop qui a dû revoir ses plans plusieurs fois en raison de certaines contraintes techniques et de la révision d'une partie du tracé initial pour contourner certaines constructions qui devaient être rasées. Une fois l'étude de faisabilité terminée, c'est l'entreprise italienne qui avait pris le relais en août 2008 pour entamer les travaux effectifs de sa réalisation pour un délai de 29 mois. Les travaux débutent quelque temps après ceux de la déviation du réseau d'alimentation en eau potable, d'assainissement, de câbles de téléphonie et d'électricité, ainsi que de l'opération de dédommagement des particuliers dont les biens se trouvent sur le tracé. Les points difficiles ont été soulevés par Alstom-Pizzarotti et le maître d'ouvrage Métro d'Alger ; ils concernent surtout l'édification du viaduc de l'Université Mentouri (qui est en sa dernière phase), la démolition de la tribune du stade Benabdelmalek, et la pose des rails au centre-ville, au boulevard Che Guevara et l'avenue Kadour Boumedous en particulier. Le projet a piétiné durant des mois, à cause de contraintes d'ordre financier, technique et administratif. Ainsi, pour faire face à la topographie difficile dans plusieurs endroits, les Italiens de Pizzarotti ont dû installer pas moins de 1.400 pieux pour maintenir le sol, opération nécessaire à la pose des rails. Aujourd'hui et outre les extensions de la ligne, les autorités locales ont également pensé à harmoniser le tramway avec les autres moyens de transport. En attendant la construction de la gare multimodale à Zouaghi, une station de bus est sur le point d'être réceptionnée à la zone industrielle Palma à quelques mètres de la station tramway. Le but, selon la direction des transports, est à la fois de débarrasser le centre-ville des bus desservant la station Khemisti et d'inciter les gens à prendre le tramway qui peut transporter jusqu'à 6.000 passagers par heure. En une année, on a enregistré toutefois un grave qui a coûté la vie à un adolescent de 15 ans, au mois de septembre dernier à Zaoughi. Depuis ce drame, la Setram a dû renforcer son dispositif de sécurité, comme elle a décidé de transporter gratuitement les écoliers, en particulier ceux habitant Aïn El Bey. Et vu son succès, notamment auprès des étudiants, les usagers n'ont cessé de réclamer une réduction des tarifs (40 DA le ticket) jugés excessifs par beaucoup, une option qui n'est pas envisagée par la Setram qui a seulement introduit des cartes d'abonnement. Dommage que cette dernière n'ait pas pensé à célébrer le premier anniversaire de la mise en service du tramway, et communiquer par la même occasion le bilan et les chiffres de fréquentation aux journalistes.