C'était prévisible depuis quelque temps déjà, au regard des frontières qui n'ont eu de cesse de bouger entre les diffuseurs traditionnels que sont les chaînes de télévision et les nouveaux services de visionnage en flux (streaming) dont le succès se démontre chaque jour, à l'image du site de streaming de Google, Youtube dont les chiffres de fréquentation et les volumes de contenus mis en ligne évoluent rapidement. Il se disait que la tendance allait s'inverser en faveur des nouveaux entrants sur ce marché qui tire puissance des nouvelles infrastructures technologiques en rapport avec le débit mais aussi le stockage avec notamment l'explosion du monde du cloud. Au bout du compte, le renversement de tendance vient de se confirmer par la série de chiffres publiée cette semaine par la presse spécialisée qui reprend dans son ensemble une étude de terrain effectuée par le bureau d'études d'Ericsson, Consumerlab, qui dessine les projections de l'année 2015 dans un document intitulé « les 10 tendances de l'année 2015 ». Beaucoup de rédactions de la presse spécialisée ont mis en exergue les chiffres relatifs au marché de la télévision et de la vidéo, en soulignant le changement structurel amorcé qui donnera à voir, comme l'écrit le site zdnet.fr, que « l'année 2015 sera donc historique : pour la première dans l'histoire de la télévision, le streaming deviendra le mode de visionnage le plus répandu ». Il n'y a rien d'étonnant à ce que cette étude qui a porté sur 23 pays révèle « que plus des trois quarts des consommateurs surfaient sur internet et que la moitié utilisait les réseaux sociaux », note zdnet.fr. Le Consuemr lab d'Ericsson va un peu plus dans le détail des évolutions constatées en s'intéressant notamment au comportement des personnes sondées à travers 9 pays : Brésil, Chine, Allemagne, Corée du Sud, Espagne, Suède, Taiwan, Grande-Bretagne et Etats-Unis. La presse s'accorde à noter que des changements importants sont en train de s'opérer là, par exemple où en 2011 « 83% des personnes interrogées âgées de 16 à 45 ans regardaient la télévision classique (broadcast) plusieurs fois par semaine contre 61% la regardaient en streaming », note zdnet.fr qui ajoute que « ce comportement est en train de changer. Les téléspectateurs privilégient des services faciles à utiliser, accessibles sur tous les terminaux et à tous moments, en particulier chez les jeunes. » Ce sont essentiellement les catégories de jeunes téléspectateurs qui seraient à l'origine de cet inversement de tendance qui fait, selon le Consumerlab, que l'année 2014 aura ainsi consacré le fait que « la télévision en streaming a dépassé la télévision broadcastée chez les 16-45 ans » selon zdnet qui précise que « 80% de cette tranche d'âge a regardé la TV en streaming cette année. Si on généralise à la population totale de ces 9 pays, 77% ont regardé la TV broadcastée contre 75% en streaming ». Si la tendance est confirmée, les avis des experts ne sont pas pour autant tranchés sur une possible fin de la télévision traditionnelle devant la déferlante des offres de streaming vidéo. Streaming : la télé qui monte Dans un papier mis en ligne le 16 décembre dernier par le site www.itrmanager.com, un petit regard analytique est jeté sur l'arrivée du service de streaming vidéo américain Netflix sur le territoire français et tout le débat que cela avait suscité. « Pour la première fois en Europe et en France, les consommateurs se sont vu proposer un service de visualisation de type quand je veux, où je veux, dont on s'attendait à ce qu'il change radicalement leurs habitudes en matière de télévision ainsi que leur rapport aux contenus proposés », avance l'auteur de l'article. Peut-être est-ce seulement une question de temps et de maturité de projet, comme semble le suggérer le même papier qui table sur « un bel avenir » pour Netflix, qu'il juge sur les résultats financiers où « tout va bien pour elle », dit-il, ouvrant la porte à des projections sur un futur incertain pour la télévision traditionnelle. Mais pas seulement la télévision comme diffuseur traditionnel appelé à se réinventer, à s'adapter pour tenir face à l'exigence de publics de plus en plus pressés, mobiles et avides de nouveautés. Le site lepoint.fr révèle à ce sujet les chiffres d'une étude de l'équipementier américain Cisco, publiée l'été dernier qui donne « un milliard de vidéos vues par jour dans le monde et une progression de 50 % entre mai et juillet », soit une nette progression de la consommation des contenus de vidéo en flux qui devrait, selon l'étude de l'équipementier télécom américain, « représenter 79 % du trafic internet en 2018, contre 66 % en 2013. » Sur le marché même de la vidéo en flux, les choses semblent également évoluer avec en perspective une belle empoignade entre deux géants, Google et Facebook. « Longtemps seul en tête sur le marché de la vidéo en ligne, YouTube a récemment vu apparaître un concurrent de taille : Facebook », note le site de l'hebdomadaire français qui s'est intéressé à cette empoignade en perspective qui naîtra du fait, écrit-il, que « le plus grand réseau social au monde met les bouchées doubles pour ne pas laisser échapper ce format florissant et la publicité qui l'accompagne ». Avec un chiffre de fréquentation difficilement égalable (1,3 milliard d'utilisateurs), le réseau social a en effet entrepris dès le début de l'année 2014 d'adjoindre des vidéos publicitaires au fil d'actualités parcouru par les usagers. Pour assurer un bon développement par une grande visibilité à ce nouveau produit, Facebook a mis en place son fameux format « auto-play » qui permet à la vidéo de se lancer automatiquement, sans le son, dés que l'utilisateur actionne le fil d'actualités. L'offre de vidéo est alimentée par des contenus conçus soit « par un proche, un professionnel (chaîne TV, médias, etc.) ou un annonceur (publicité) », explique lepoint.fr qui cite la responsable du service vidéo auprès du réseau social, Fidji Simo, expliquant que « nous avons conçu ce produit pour favoriser la découverte. Nous pensons que notre ADN est de mettre des contenus en face de personnes qui ne songeaient même pas à les regarder ». Facebook contre youtube Celle-ci donne une explication détaillée du fonctionnement de cette nouvelle offre basée sur le travail des algorithmes traçant les habitudes des utilisateurs pour les profiler, dit-elle « en fonction des centres d'intérêt de l'internaute et de son appétit pour la vidéo » et ainsi lui faire voir « plus ou moins de contenus ». D'après cette responsable de chez Facebook citée par le site de l'hebdomadaire français, cette proposition d'auto déroulement de la vidéo publicitaire après que le réseau social se soit « rendu compte que lorsque l'internaute devait cliquer sur play (comme sur les autres plateformes vidéo, ndlr), cela constituait une barrière pour découvrir ce contenu », explique-t-elle sur le site lepoint.fr Pour bien développer les contenus de son offre vidéo, Facebook ne cesse de démarcher les éventuels producteurs de contenus pour les pousser à diffuser sur son site de réseautage social des passages ne dépassant pas les 20 minutes. Parmi les premières expériences de collaboration enrichissantes pour l'offre vidéo de Facebook, le site lepoint.fr note que « la chaîne américaine ABC News a lancé début décembre sur Facebook un module vidéo condensant l'actualité du jour en une minute ». Le site de l'hebdomadaire français souligne également la diffusion sur Facebook de « la bande-annonce pour le film Fast and Furious 7 qui a récolté 100 millions de vues sur Facebook en 48 heures contre 18 millions sur YouTube. » En face, les responsables de Google, propriétaire du site de streaming vidéo Youtube, semblent suivre l'évolution de cette concurrence avec beaucoup de sérénité comptant sur certains atouts de la plateforme qu'il sera difficile à Facebook d'atteindre, notamment, explique lepoint.fr, « son milliard de visiteurs uniques par mois et ses centaines d'heures de vidéo mises en ligne chaque minute », ainsi qu'un autre avantage concurrentiel dû au fait que « YouTube partage la moitié de ses revenus liés à la publicité avec les producteurs de contenus, ce qui n'est pas encore le cas de Facebook ». Cela donne effectivement de la sérénité du côté de Google, où l'on déclare par la voix de la porte-parole de Google France, Hélène Barrot, citée par le site de l'hebdomadaire lepoint.fr : « On se réjouit de voir le dynamisme de la vidéo en ligne. On voit cela comme un marché qui grandit et dans lequel il y a de la place pour tout le monde. Cela nous force à continuer d'innover et à proposer à nos partenaires des modèles différents ». Les mêmes sources de Google ont néanmoins refusé de commenter une information rapportée par le Wall Street Journal selon laquelle Youtube aurait tenté de mettre la main par une exclusivité sur les contenus vidéo diffusés par sa plate forme en proposant des bonus financiers à ses créateurs de contenus vedettes », rapporte lepoint.fr qui voit en cela un « signe de fébrilité » de Google devant l'avancée de Facebook. De son côté, Sandrine Plasseraud, directrice générale de l'agence de publicité We Are Social, citée par lepoint.fr, avance le pronostic suivant : « Facebook va peut-être rattraper YouTube, mais peut-être que YouTube va lui-même dépasser la télé. Ce sont deux produits vidéo qui sont très différents par leur approche des internautes et de la publicité ».