Les cibles ? Un commissariat de police de la ville, la résidence du président du Parlement, Akila Salah Issa, et une station-service où des dizaines de véhicules faisaient la queue pour se ravitailler en essence, en raison d'une pénurie de carburant dans la ville. Bilan de ces attaques : 47 morts, dont 6 Egyptiens, et 41 blessés. La branche libyenne de l'organisation autoproclamée Daech a revendiqué les deux premiers attentats mais ne fait pas cas de celui de la station-service, où la plupart des victimes sont des civils. Elle affirme avoir agi en représailles aux frappes aériennes menées lundi dernier par l'aviation égyptienne et libyenne contre elle à Derna, une ville proche d'Al-Qoba. Dans la nuit de vendredi à samedi, des hommes armés dans les forêts de Ras Hlal ont visé avec quatre roquettes l'aéroport de Labraq, soit la base à partir de laquelle les forces aériennes loyales au général Khalifa Haftar mènent des raids aériens contre des groupes terroristes. Jeudi, Daech a pris le contrôle de l'université de Syrte. La veille, une soixantaine de ses véhicules ont paradé dans la ville. Ces attaques dans un fief contrôlé par les forces loyales au général Khalifa Haftar et au Parlement reconnu par la communauté internationale, témoignent-ils de la volonté de ce groupe terroriste de s'installer durablement en Libye, après s'être emparé d'une parie des territoires syrien et irakien ? Le gouvernement du Premier ministre Abdallah al Thinni, reconnu par la communauté internationale, a décrété depuis son siège à Tobrouk, un deuil national de 7 jours et promis que l'armée « ripostera fermement et multipliera ses opérations contre les fiefs de Daech ». L'Algérie, la Tunisie, la mission de l'ONU, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne qui ont vivement dénoncé ces carnages, pressent de nouveau les « deux gouvernements et les deux parlements » qui se font la guerre par milices interposées, a contrario de l'Egypte et de l'Italie qui ont demandé une intervention militaire, à renouer le dialogue pour être en mesure de lutter contre Daech et les groupes terroristes. « Nous sommes pour la solution politique, pour le dialogue inclusif, pour des institutions démocratiques et représentatives dans le cadre de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale, de la souveraineté de la Libye », rappelle Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères. « Cette attaque illustre la nécessité pour tous les Libyens de participer au dialogue initié par Bernardino Leon, représentant de l'ONU, pour former un gouvernement d'unité nationale », déclare Josh Earnest, porte-parole du président américain Barack Obama. Les Occidentaux, qui considèrent la Libye comme le « plus grand foyer terroriste au monde » et « une menace directe sur la sécurité de l'Europe », écartent l'option militaire. Du moins pas avant la formation d'un gouvernement d'union nationale.