La hausse de la production de ciment de 7%, enregistrée à la fin du mois d'octobre, atténuera peut-être la tension sur cette matière qui, il y a quelques mois à peine, était rare et vendue à des prix pharamineux. Mais cette hausse, aussi significative soit-elle par rapport à l'an dernier, pourra-t-elle couvrir les besoins du marché ? Selon le Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica), les douze cimenteries du groupe ont produit du premier janvier à fin octobre 2010 près de 10,089 millions de tonnes, contre 9,465 millions de tonnes durant la même période de 2009. D'ici la fin de l'année, la production atteindra les 11,5 millions de tonnes. Toutefois, malgré ce chiffre annoncé par ce groupe qui couvre 67% de la production nationale, on est encore loin des 16 millions de tonnes dont a besoin l'Algérie annuellement, comme l'a indiqué récemment Abdelhamid Boukahmoun, représentant du ministère du commerce. Pour atteindre ce taux, il faudrait peut-être attendre l'aboutissement des extensions de capacité de production entreprises par le Gica au niveau des différentes cimenteries que ce groupe gère et qui devrait amener à une production de 18 millions de tonnes annuellement d'ici à 2012. Ajoutons à cela la production qui sera assurée par les trois nouvelles cimenteries qui seront construites dans les deux prochaines années, comme annoncé par l'ancien ministre du commerce, Hachemi Djaaboub. En attendant que ce projet se concrétise, les entrepreneurs et les constructeurs sont obligés de se tourner vers l'importation. Chose que l'Etat avait assurée en annonçant l'importation, au cours de cette année, de trois millions de tonnes de ciment. Mais là encore se pose le problème du marché noir. Car il faut savoir que des entrepreneurs revendent illégalement la matière importée. D'où, d'ailleurs, les instructions de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) qui a appelé les entrepreneurs à s'ouvrir à l'importation du ciment tout en leur interdisant toute revente de cette matière au marché noir. Des dispositifs de contrôle sont appliqués sur le terrain, a fait savoir Abdelhamid Boukahmoun. Cependant, selon Ahmed Bengaoud, président de l'Union générale des entrepreneurs algériens, le marché du ciment continue d'être monopolisé par des minorités : «Le contrôle de l'Etat se fait à la source, au niveau des unités de production et pourtant le ciment continue d'être écoulé au marché noir. Comment cela se fait-il ? Le ciment ne peut pas sortir illicitement des usines sans la complicité des responsables», a-t-il estimé.