Le Congrès général national, qui a été relancé par Fajr Libya, une coalition de milices islamistes qui a pris le pouvoir l'été dernier à Tripoli et installé depuis son propre gouvernement, veut réorganiser ses forces armées. Comment ? En y intégrant les anciens rebelles qui ont pris les armes contre le régime de Kadhafi en 2011 qu'il n'a jamais pu, ni dissoudre ni désarmer, et les autres groupes armés qui disposent d'un véritable arsenal militaire. Ce gouvernement, qui fait traîner la signature, sous l'égide de l'Onu d'un accord avec son rival de Tobrouk sur la formation d'un gouvernement d'union nationale et la tenue de nouvelles élections, signera-t-il par cet acte une fin de toute recherche « de manière collective » d'un accord de sortie de crise ? « Le ministère de la Défense du gouvernement de salut national a commencé à réorganiser les forces armées avec pour objectif de mettre en place onze brigades formées de quelque 5.000 militaires », a indiqué, dans un communiqué, le Premier ministre, Khalifa Ghweil. Fajr Libya, qui assure la sécurité de son gouvernement, hausse le ton et sort sa « rengaine » à Bernardino Leon, l'émissaire onusien, qui a appelé, jeudi dernier, la délégation de Tripoli à rejoindre les pourparlers qu'elle a « plaqués » et qui « n'accepte pas qu'on lui dicte des positions ». Elle lui demande de venir en Libye s'il tient à la poursuite de ses pourparlers. Comme si la situation n'est pas déjà catastrophique, le général Jean-Pierre Palasset veut « réveiller » le front Sud promu « zone d'intérêt » pour Barkhane, l'opération militaire française au Sahel, qu'il dirige. « Dans le Sud libyen, tout reste à faire », dit-il. En septembre 2014, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a appelé à une action militaire internationale. Comme aucune solution politique ne se dessine depuis, « toute tentative de partition de la Libye sera catastrophique d'abord pour la Libye, elle-même, puis pour ses voisins immédiats », a mis en garde récemment le président tunisien, Caïd Essebsi, précisant que « différentes parties y interfèrent, chacune avec son propre agenda ».