Lors de leur prochain sommet, prévu lundi prochain au Botswana, les chefs d'Etat des quinze pays de l'Afrique australe devraient évoquer la crise alimentaire due aux mauvaises récoltes de cette année dans cette région habituellement fertile. La sonnette d'alarme est tirée sur la situation alimentaire qui connaît une dégradation vertigineuse. Ainsi, la production du maïs a, par exemple, diminué jusqu'à 90% par endroits dans les quinze pays de la zone, selon un rapport du groupe des Etats de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) qui précise que le nombre de personnes en insécurité alimentaire est passé de 24,3 millions l'an dernier à 27,4 millions cette année. Celles-ci sont frappées par des pénuries alimentaires, affirment les experts de cette organisation sous-régionale. En Namibie, plus de 640.000 personnes (soit un tiers de la population) ont besoin d'une aide alimentaire. Au Botswana, 90% des récoltes ont été touchées par la sécheresse causée par de fortes chaleurs et l'absence de pluies. Ce qui a amené le gouvernement à allouer la somme de 44 millions de dollars en urgence pour répondre à la pire sécheresse de ces 30 dernières années. Même le plus gros producteur de la région, l'Afrique du Sud, a enregistré une baisse de sa production cette année (-31%). Le pays devra importer environ 600.000 tonnes de maïs pour assurer ses obligations contractuelles d'exportations, a fait savoir le ministère sud-africain de l'Agriculture. Au Malawi, habituel troisième producteur de maïs de la sous-région, plus de 2,8 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire d'ici à la fin de l'année, selon des estimations officielles. Le Zimbabwe a besoin d'importer 700.000 tonnes de cet aliment pour pallier la baisse de 49% de sa production et nourrir 1,5 million de personnes. Son vice-président, Emmerson Mnangagwa, a demandé de l'aide aux « organismes de développement et au secteur privé » pour que personne ne soit « exposé à la faim ou à la famine ». Cependant, l'on reste quand même loin du seuil critique. Il n'est pas encore prévu au sommet régional que les chefs d'Etat de la région lancent un appel d'aide conjoint. « Les Etats à titre individuel devraient le faire », a indiqué Margaret Nyirenda, directrice du département agriculture de la SADC. Le changement climatique est la principale cause de cette situation. Les cycles des saisons ont changé et les agriculteurs n'arrivent pas à s'adapter. Ils se retrouvent de plus en plus confrontés aux situations extrêmes de sécheresse ou d'inondations qui impactent négativement sur les récoltes en quantité et en qualité.