C'est également à Almada où se trouve la réplique de la fameuse statue de Rio de Janeiro, le Christ du Corcovado, appelé Christ rédempteur de l'autre côté de l'Atlantique et Cristo Rei, Christ Roi, de ce côté-ci. Cette autre rive est reliée à la capitale portugaise par deux ponts impressionnants, le pont le plus grand d'Europe long de plus de 17 km, le Vasco de Gama, laissé loin derrière, au nord du quartier Parque das Nações, et le pont du 25-Avril, anciennement pont Salazar depuis sa construction en 1966, mais la révolution des œillets est passée par là un 25 avril 1974 pour le baptême du nouveau Portugal. La banlieue du bord du fleuve L'envie de continuer à découvrir la côte lisboète nous conduit tout droit vers Belém, la jolie banlieue très coquette. Et c'est là que s'impose à nous le magnifique Monastère des Hiéronymites, le Mosteiro dos Jerónimos. Une immense bâtisse construite au tout début du XVIe siècle durant le règne du roi Manuel 1er, peu après le retour du célèbre navigateur portugais Vasco de Gama de son premier voyage en Inde. Un temple destiné à l'ordre religieux de Saint Jérôme, d'où l'ordre des Hiéronymites, qui prescrit une vie de solitude et de silence, selon la règle de Saint Augustin, alliant le principe de l'équilibre entre prière et travail. Monument historique du Portugal en 1907, le monastère est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 1983. Et c'est en ce lieu que les dirigeants de l'Union européenne signèrent le célèbre Traité de Lisbonne en 2007. Mais la jolie Belém n'est pas que le monastère et son célèbre Cloitre qui allient deux influences majeures, à la fois Gothique et Renaissance. Faisant face au temple, au-delà du superbe jardin de Belém, le Padrão dos Descobrimentos flirte avec le Tage pour célébrer les navigateurs portugais. Ce Monument aux Découvertes construit en 1960 se veut un hommage appuyé à ceux qui ont fait du Portugal la patrie des découvertes. Quelques centaines de mètres plus loin s'élève la célèbre Tour de Belém. Une citadelle construite entre 1515 et 1521, faisant partie depuis 1983 du patrimoine mondial de l'Unesco. Elle sera le témoin de l'époque glorieuse du Portugal et servira de « sentinelle » dans le système de défense de Lisbonne contre toute invasion ennemie. C'est également de ce lieu que partirent nombre de caravelles pour l'Afrique battant pavillon portugais. Par la suite, ce monument fut également utilisé comme une prison. Et, en 1910, il devient monument national. En quête de découvertes, le chemin côtier nous mène vers les magnifiques plages de Cascais. Mais avant d'y arriver, quelques curiosités s'offrent à notre regard. Le Paço de Arcos, littéralement le Palais des Arcs, où se trouve l'académie navale portugaise et marque la fin du Tage. Un peu plus loin, autre curiosité, la forteresse de São Julião da Barra construite durant la seconde moitié du XVIe siècle pour renforcer le système de défense de la capitale royale. La jolie ville d'Estoril mérite également le détour. Ville bourgeoise par excellence, elle accueille également nombre de manifestations sportives. « Douceur infernale » Pour celui qui souhaite faire du bronzage sa première « destination » portugaise, les plages de Cascais en sont le lieu indiqué même si plus au sud, de l'autre côté du fleuve, on vante l'Algarve. Mais il est vrai que toute la côte lisboète est magnifique que ce soit sur les rives du Tage ou sur les côtes atlantiques. Cascais est une petite ville dont la « clientèle » est assez aisée. Un lieu de villégiature et de farniente où l'on vient apprécier la douceur du climat et l'animation de la station balnéaire mais également où la pêche traditionnelle tient une place importante. Non loin de là, à la sortie de la ville, l'évocation de la bouche du diable tranche considérablement avec la douceur de la région. Boca do Inferno ou plus littéralement Bouche de l'Enfer ou infernale est cette attraction touristique rendue célèbre par un document filmé britannique de 1896 puis par le très influent « sataniste » britannique Edward « Aleister » Crowley, plus connu comme écrivain, occultiste et astrologue qui a influencé nombre des plus célèbres musiciens et groupes de rock. Curiosité sur la côte portugaise, Boca do inferno et sa côte découpée à la scie, ressemblent à s'y méprendre aux calanques provençales dans un format plus réduit. Les violentes vagues s'y engouffrent dans un énorme « trou » dans la falaise creusé par l'assaut perpétuel de l'océan, particulièrement agité sur cette côte. Cela donne une vision impressionnante, un bouillonnement d'eau qui se fracasse sur les parois d'une cavité dans un bruit sourd et résonnant. C'est la marmite du diable, dirait le poète ! Les Portugais ne s'y sont pas trompés en installant devant l'accès toute une série de magasins en tous genres et autres attractions. L'endroit ne désemplit pas ! Tout comme cette « maison » appelée Casa da Guia, autre curiosité de Cascais. Quelques centaines de mètres plus loin, le long du littoral, un manoir du IXXe siècle entouré d'un jardin faisant face au phare qui « contemple » l'immensité Atlantique. Le Cap occidental A partir des plages de Cascais sur l'embouchure du Tage en remontant plein nord le long des côtes vers Sintra, les puissantes et violentes vagues de la côte atlantique et le vent violent impressionnent. C'est véritablement le domaine des surfeurs. On se croirait du côté de Biarritz et ses hautes vagues. Nous sommes sur la nationale 247 et le vent est terriblement violent et tourbillonnant déplaçant un sable aveuglant. A croire qu'il est sur le point de nous soulever comme ces kits surfeurs au loin portés par leur voile, sorte de cerf-volant. Praia do Guincho, la plage de Guincho, est le paradis de surfeurs glissant sur d'immenses vagues. Le paysage est splendide, à couper le souffle et à faire tourner la tête. Mais le chemin n'est pas terminé. Cabo Da Roca nous attend. C'est le point le plus à l'ouest de l'Europe sur la façade ouest du « domaine » de Sintra. Sintra est, ce que l'on pourrait considérer d'une certaine manière, le « domaine » de Lisbonne, son poumon. Un peu comme ce que représente Bouchaoui et sa forêt pour Alger ou Seraïdi pour Annaba, son oxygène et son lieu de villégiature. Mais Sintra est beaucoup plus que cela car elle contient en son espace des châteaux et vestiges d'une histoire qui est intimement liée à la capitale portugaise. Le Parc naturel de Sintra-Cascais commence à partir de Casa da Guia sur la côte pour remonter plein nord sur un terrain plus accidenté et très boisé où les chemins tracés, souvent étroits, tentent de préserver l'écosystème. Et c'est en continuant à longer la côte que l'on finit par atteindre le point le plus à l'ouest de toute l'Europe, le cap Cabo da Roca. Une série de falaises hautes et abruptes marque ce lieu particulier où l'océan agité exhibe son immensité. Et au milieu de ce tableau d'un relief sauvage « marié » à une mer rebelle, aucun son ne peut vous échapper qu'à écouter le hurlement du vent portant l'écume des vagues qui viennent se fracasser sur les rochers. Sintra la magnifique Sintra est une sorte de région boisée qui domine tout l'arrière-pays lisboète pour aller mourir sur les côtes atlantiques sur la façade occidentale portugaise. Mais Sintra est également le nom de la vieille ville qui a vu naître une magnifique région parsemée de châteaux et palais, les retiros et quintas en version portugaise, agrémentés de jardins expérimentaux. Ces lieux où les riches propriétaires et l'aristocratie lisboètes venaient passer leur été. La ville historique de Sintra sera classée par l'Unesco au patrimoine culturel de l'humanité, dans la catégorie « Paysage culturel », en 1995. Cette ville, qui daterait de l'époque musulmane, est une région intimement et directement liée à l'histoire musulmane du Portugal. Nous sommes en effet en plein Gharb El Andalous dans l'émirat qui deviendra califat de Cordoue à partir du VIIIe siècle. Autre bâtiment également inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco : le Palais de Pena. Il se dresse sur la cime d'une montagne et offre une vue magnifique de la région. Le Palais tel qu'il apparaît aujourd'hui a été construit au IXXe siècle sur les ruines d'un ancien monastère avec la volonté d'y mêler différents styles architecturaux lui donnant un aspect vif en couleurs mais également étrange. Il n'est d'ailleurs pas sûr que tous les puristes apprécient ces choix multiples qui peuvent tout autant plaire par leur exubérance que considérer que l'alchimie n'a pas pris. Mais pour les Portugais en général, le Palais national de Pena est l'une des sept merveilles du Portugal dont ils sont fiers. Tout est fait pour vous faciliter au maximum l'accès au Parc naturel de Sintra-Cascais et y découvrir ses merveilles tant le patrimoine de cette région est important. Et de tous les palais, celui de Monserrate est probablement unique. C'est en effet un bel exemple d'architecture de style mauresque construit au IXXe siècle. L'influence indienne y est également très présente. L'ensemble rappelle les palais des Maharadjahs. La beauté du palais et de son jardin expérimental laisse pantois. En effet, le parc de « la propriété de 33 hectares qui abrite une collection botanique contenant des espèces du monde entier » est considéré comme « l'une des plus belles créations paysagères du romantisme ». Du Château des Maures, le Castelo dos Mouros, il ne reste quasiment que les remparts et des ruines. Mais cela indique qu'il devait être particulièrement imposant. Construit sur un massif rocheux en son sommet, il domine toute la région et permet une visibilité qui va jusqu'à l'Atlantique. Sa construction révèle le souci de ses concepteurs de donner à Echantara, la Sintra musulmane, le meilleur moyen de se protéger de ses ennemis. Aujourd'hui, il n'est point question d'ennemis ou de fortifications à construire pour protéger le pays mais au contraire de le faire découvrir en exhumant une histoire millénaire très riche et tellement diversifiée. Le Portugal essaie de reconstruire son passé et le préserver pour en faire la meilleure promotion de son image qui se veut attractive. Un Portugal européen mais au passé si proche de nous !