« La décennie noire, le chômage, la démission familiale, les problèmes rencontrés par l'école algérienne ont laissé des séquelles et induit toutes formes de violences », a affirmé, hier, Mme Mounia Meslem Si Amer, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme au forum de Liberté. « Lutter contre ce fléau requiert la participation de tous et la mise en place d'un plan d'action pour arriver à un résultat positif d'ici 10 ans », a-t-elle ajouté. S'exprimant sur la violence à l'égard des femmes, elle a indiqué que son secteur travaille en étroite collaboration avec le département de la Justice et la Direction générale de la sûreté nationale pour établir le chiffre exact et officiel du nombre de femmes violentées. « La violence à l'égard des femmes de nature verbale, sexuelle, morale ou physique, est un phénomène qu'il faut éradiquer », a-t-elle clamé. La situation a été exposée aux Nations unies et les experts ont conclu que l'Algérie a connu des avancées extraordinaires. Pour ce faire, un arsenal juridique a été mis, dont le code de la famille amendé, et l'incrimination du harcèlement sexuel y compris conjugale. « Nous sommes à l'aise grâce à ces lois. Il reste cependant un travail à faire avec la société civile, la presse notamment, les discours religieux pour inculquer le sérieux, le respect de l'individu », a-t-elle soutenu. Selon la ministre, de nouvelles dispositions pour l'amendement de code pénal dans le domaine de la lutte contre cette forme de violence ont été élaborées, sur instruction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion du 8 mars 2014. Le projet d'amendement du code pénal, dira-t-elle, est en cours d'examen au niveau du Conseil de la nation. Evoquant les mères célibataires, la ministre a plaidé pour un débat. « Il est temps pour les théologiens de se prononcer sur la question car chacun a droit à un nom et avec la science il est possible d'établir l'identité du père ». Concernant les enfants assistés se trouvant dans l'obligation de quitter les centres dès leur majorité (18 ans), Mme Mounia Meslem a rappelé qu'elle avait donné instruction à ce que ces derniers soient gardés durant une période. « J'ai décidé en collaboration avec une équipe suisse, de mettre en place un programme relatif à la formation des éducateurs sur les méthodes de l'autonomisation après la sortie du centre », a-t-elle annoncé. « Les enfants assistés bénéficieront de mécanismes pour vivre honorablement et s'intégrer facilement dans la société ». « Beaucoup de wilayas ont répondu favorablement dont Alger, Médéa, Tizi Ouzou et Constantine-. Cela aurait permis à nombre d'entre eux de bénéficier de logements sociaux », s'est-elle réjouie. Elle a signalé qu'il ne faut plus faire dans l'assistanat mais dans l'encadrement et le suivi pour que ces enfants puissent acquérir une certaine « autonomie ». La ministre a fait savoir que son département prépare une campagne d'information et de sensibilisation sur la violence à l'égard des enfants. Un secteur au cœur des mutations Mme Mounia Meslem Si Amer a dressé le bilan de son secteur qui, dira-t-elle, n'a cessé de prendre de l'ampleur depuis les années 90. « Il continue à assurer la protection et la promotion du cadre de vie des couches sociales défavorisées », a-t-elle assuré. Elle a rappelé ses principales missions dont la lutte contre la pauvreté, la promotion de la famille, de l'enfant et de la personne âgée notamment les personnes aux besoins spécifiques, le soutien des programmes d'insertion sociale et professionnelle, l'appui au mouvement associatif et l'organisation du Samu social. Le bilan de la ministre a fait ressortir l'existence de 378 établissements spécialisés fonctionnels appelés à augmenter fin 2015 à 393 établissements contre 5 centres en 1962. Trois centres de formation assurent l'encadrement pédagogique et technique, en plus de cellules de proximité et de solidarité dont le nombre atteindra, d'ici fin 2015, 286. La mise en œuvre des programmes sociaux de l'ADS a coûté, au titre de l'exercice 2014, près de 100 milliards de dinars. Selon la ministre, le deuxième « bras fort » du secteur est l'Agence de gestion du micro-crédit (Angem). De 2005 au 30 juin 2015, l'Angem a financé 726.359 projets, ayant permis la création de 1.089.539 postes d'emploi dont 62,10% des bénéficiaires sont des femmes.