Tout ce qu'Alger compte d'amoureux du septième art a rallié la salle El Mouggar. On pouvait y voir Ahmed Bedjaoui, les comédiens Fawzi Saichi, Hacène Kechache, croiser Khaled Benaissa, le chercheur Slimane Hachi ou le directeur de l'Onci. Après la présentation des quatre membres du comité d'organisation des journées qui en sont déjà à la sixième édition, un hommage a été rendu à Maamar Mokrane, un membre du comité disparu en juin dernier et au regretté Malik Ait Aoudia dont la femme a fait le déplacement à Alger. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a ensuite prononcé une courte allocution de circonstance. Il a évoqué la multiplication, ces derniers mois, de manifestations dédiées au cinéma à travers le pays. Rien que lors du dernier festival de Annaba, où il s'était rendu, il a affirmé que « plus de 40 000 personnes ont suivi les projections ». Selon lui, « cela dénote la soif des Algériens de renouer avec cet art porteur de rêves et d'espoirs ». Il a, d'autre part, réaffirmé la volonté des pouvoirs publics de « réconcilier les Algériens avec le cinéma qui est devenu le langage du monde moderne et son reflet ». Il a enfin promis « la réhabilitation des salles de cinéma et leur fonctionnement ». En conclusion, il a salué les organisateurs des journées qui « portent un message ». Etant par vocation une rencontre autour du film engagé, un carrefour des images reflétant l'état lumineux, ou souvent sombre du monde, il était presque naturel que le documentaire d'ouverture soit consacré à la Palestine. L'ambassadeur de ce dernier Etat était d'ailleurs dans la salle. » « Les 18 fugitives » dans sa version française du Palestinien Amr Shomali et du Canadien Paul Cowan, évoque l'intifidha de la fin des années 80. Ils ne s'attardent pas sur les batailles, les harangues surchauffées de militants dans la petite ville de Beit Sahour en Cisjordanie. Il s'agit d'un épisode étrange qui, jusqu'aux accords d'Oslo en 1993, va rythmer le quotidien d'une communauté. Entre tragédie et comédie C'est à travers l'invraisemblable histoire de 18 vaches achetées en Israël par les habitants en majorité chrétiens, pour ne plus dépendre des produits de l'ennemi, que nous découvrons la résistance pacifique mais tenace d'un peuple qui rêve d'une patrie et de liberté. Les gestes de la vie quotidienne, la mésaventure des vaches choyées par les uns et recherchées par les autres, rythment le déroulement de ce film, à la fois tragique et comique. Sorti l'an dernier, s'y mêlent, avec subtilité, des témoignages des deux côtés et quelques images d‘archives. Derrière la politique, ses hommes et ses discours, il y a de l'émotion, des réalités tantôt dures et tantôt sensibles et drôles. Il est un regard décalé, à la fois intelligent et sensible sur un épisode de l'histoire palestinienne. Le recours à la BD et les intrusions du réalisateur dans le récit en font aussi une réussite d'un point de vue formel. « Wanted 18 » se moque des occupants que l'histoire des vaches rend fous et ridicules. Il n'oublie pourtant jamais son objectif. Il dénonce à travers cette histoire la répression des soldats et le cynisme d'un Etat qui veut tuer le rêve d'un peuple acculé mais résistant. Le film sera rediffusé cet après-midi, à 14 heures, à la cinémathèque d'Alger. Jusqu'au 19 septembre, neuf documentaires et 11 films de fiction seront en compétition pour les trois prix qui seront décernés lors de la cérémonie de clôture. Aujourd'hui à 17 heures, c'est un aspect violent et ignoble de la tragédie en République démocratique du Congo qui sera révélé par un film du Belge Thierry Michel. Sorti cette année « L'homme qui répare les femmes » évoque la lutte d'un médecin congolais contre les viols dont sont victimes des milliers de femmes dans son pays. Les organisateurs assurent que toutes les projections seront suivies de débats.