Les appels à des réformes politiques en Egypte et à l'arrêt de la répression des manifestations qui secouent le pays depuis mardi, se sont multipliés depuis l'annonce dans la nuit de vendredi à samedi par le président Hosni Moubarak de la formation d'un nouveau gouvernement. Le président américain Barack Obama, après s'être entretenu dans la nuit par téléphone avec M. Moubarak pendant 30 minutes, a déclaré qu'il appelait «très clairement les autorités égyptiennes à s'abstenir d'utiliser la violence contre les manifestants pacifiques». M. Obama a ajouté qu'il avait demandé au chef de l'Etat égyptien de «prendre des mesures concrètes pour tenir ses promesses» faites dans son allocution télévisée de la nuit annonçant des réformes démocratiques, la démission de son gouvernement et la formation d'un nouveau cabinet. «Le peuple égyptien a des droits qui sont universels. Cela inclut le droit de se réunir pacifiquement, le droit à la liberté d'expression et à la possibilité de choisir son propre destin, cela relève des droits de l'Homme», a dit le président américain. L'Union européenne a elle aussi appelé à «l'arrêt de la violence pour stopper l'effusion de sang» en Egypte. Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a en outre appelé à «la libération de tous ceux qui ont été arrêtés ou sont assignés à résidence pour des raisons politiques» et à «la mise en route du nécessaire processus de réformes». M. Van Rompuy dit également «sincèrement espérer que les promesses d'ouverture du président Moubarak vont se traduire en actions concrètes». «L'usage continu de la force contre les manifestants par la police et les forces de sécurité de l'Etat est extrêmement préoccupant», a de son côté souligné la diplomate en chef de l'UE, Catherine Ashton. «J'enjoins les autorités à libérer immédiatement et sans condition tous les manifestants pacifiques qui sont en détention», a-t-elle déclaré dans un communiqué. Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping a exprimé la «préoccupation» de l'organisation continentale. «L'Egypte connaît une situation préoccupante que nous devons observer», a-t-il dit. «A la suite de ce qui s'est passé en Tunisie, nous observons tout ce qui se passe ailleurs, et nous sommes préoccupés». Le chef de gouvernement japonais Naoto Kan a appelé M. Moubarak au dialogue avec les contestataires. «J'espère que le gouvernement engagera le dialogue immédiatement (...) afin d'obtenir le plein soutien et la participation de la population. J'espère qu'il pourra restaurer immédiatement la stabilité politique en Egypte», a dit M. Kan en marge du Forum économique mondial de Davos. Seule note positive pour M. Moubarak, le roi Abdallah d'Arabie Saoudite a jugé que les manifestations représentaient des «atteintes à la sécurité et la stabilité» de l'Egypte commises par certains éléments «infiltrés» au nom de la «liberté d'expression». Le souverain saoudien a téléphoné hier au président Moubarak pour lui exprimer sa solidarité, a annoncé l'agence officielle saoudienne SPA. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a lui aussi téléphoné à M. Moubarak et «affirmé sa solidarité avec l'Egypte et son engagement pour sa sécurité et sa stabilité», selon un communiqué du bureau de M. Abbas. Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi s'est entretenu hier au téléphone avec le président égyptien Hosni Moubarak, «pour se rassurer sur la situation en Egypte».