Les appels relatifs aux intoxications ou interaction médicamenteuse (58%) sont parvenus du centre antipoison alors que les cas d'hospitalisation (15%) sont dus aux effets indésirables. Tels sont les chiffres avancés par Farid Benhamdine, président de la Société algérienne de pharmacie (SAP), en marge de la 25e Journée pharmaceutique nationale sur l'interaction médicamenteuse et le plan cancer (bonnes pratiques hospitalières), tenue hier à la faculté de médecine de Ben Aknoun. Selon le spécialiste, ce phénomène est devenu courant d'où l'intérêt d'une sensibilisation sur les dangers et les effets indésirables sur l'organisme. Il a appelé à appuyer la formation des médecins en position d'activité et leur inculquer les bonnes pratiques pour une meilleure prescription qui ne doit pas dépasser deux à trois médicaments. « La santé est une affaire de vie et non pas une affaire de temps », a-t-il ajouté. Et de souligner que le système de santé ne pouvant garantir une innocuité totale, il doit gérer les risques pour répondre aux exigences croissantes en matière de sécurité de soins. Il a indiqué que lorsque deux médicaments se rencontrent au sein de l'organisme, les réactions peuvent entraîner des effets inattendus. « De telles interactions sont à éviter car non seulement elles peuvent entraîner l'échec d'un traitement, une amplification des effets prévus mais aussi des effets toxiques engendrant la mort chez certains cas », a affirmé le spécialiste. Au sujet de l'automédication, Benhamdine a appelé à une consommation avec modération. « Rien n'est poison mais la dose est un poison », a-t-il fait savoir. Il a évoqué le rôle du pharmacien qui délivre des ordonnances prescrites par les médecins mais aussi vend des médicaments à des particuliers. Selon lui, le pharmacien doit, avant toute chose, interroger le patient sur une quelconque anomalie, sur le traitement qu'il suit, savoir s'il souffre d'une maladie chronique avant de lui délivrer une quelconque substance. « Dans une pharmacie, il y a des produits dangereux et à dose nocive. Raison pour laquelle, le pharmacien ne doit pas délivrer un médicament sans ordonnance », a-t-il souligné. Selon lui, le pharmacien, étant au bout de la chaîne de la prescription médicale, est responsable des médicaments délivrés, même en cas d'erreur ou de négligence de la part du médecin prescripteur. « Le pharmacien a un rôle essentiel en matière de sécurité sanitaire et sa responsabilité constitue une garantie pour le patient », dira-t-il. Et d'ajouter : « les aliments peuvent également interagir avec les médicaments ». Selon lui, les médicaments ne font pas toujours bon ménage avec les aliments. « Certains d'entre eux ralentissent, diminuent ou augmentent l'action des médicaments ou leurs effets secondaires », a-t-il expliqué. Pour rappel, la 25e Journée pharmaceutique nationale a célébré son 50e anniversaire. Raison pour laquelle, Hafadh Hammane, directeur général de la pharmacie au ministère de la Santé, a, lors de son intervention, rappelé l'importance de cette journée. « C'est un évènement incontournable qui constitue un espace de dialogue pour les professionnels devant débattre de deux principaux thèmes retenus pour cette journée », dira-t-il. « L'interaction médicamenteuse et l'automédication sont des thèmes complexes mais aussi très importants qui touchent la santé publique », a-t-il noté. Selon lui, le médicament est comme l'eau, un produit précieux pour la santé et un facteur essentiel qui influe sur la santé de la population. « La pharmacie se développe et doit se centrer également sur les patients et non pas sur les produits uniquement, en plus du parcours des soins et les incidents. Concernant le plan cancer, il a incité l'ensemble des participants à enrichir le débat et sortir avec des recommandations et des propositions pour un meilleur développement.