Chaque année, le même scénario de la flambée des prix du mouton revient. Pour les éleveurs, cette hausse démesurée des prix est le fait de la spéculation tant sur le marché des aliments du bétail que sur celui du cheptel lui-même. Les espaces de vente de mouton s'ouvriront officiellement le 20 août. Cette année, les prix varieront entre 25.000 DA et 50.000 DA, a déclaré, hier, Mohamed Boukarabila, président de la Fédération nationale des éleveurs, contacté par nos soins. Les ovins seront disponibles, rassure-t-il, avant de souligner que le secteur en question connaît une « situation critique ». Spéculation, cherté et indisponibilité des aliments de bétail, manque de moyens matériels, sont autant de contraintes auxquelles font face les éleveurs. D'où la flambée du prix du mouton, notamment en cette période spéciale de l'année. Ces problèmes font craindre le pire aux éleveurs qui semblent avoir épuisé toutes les tentatives de réhabilitation du secteur. C'est du moins ce qu'a laissé entendre Boukarabila. « Il n'y a pas de grandes différences entre cette année et l'année dernière. Les prix ne subiront pas une importante augmentation. Le marché est frappé par l'immobilisme en raison de la crise économique que subit le pays. Le manque de l'aliment de bétail engendre aussi des dysfonctionnements », dénonce-t-il, en faisant remarquer que cette matière est produite en abondance en Algérie et rien ne justifie sa rareté. Conséquence : les spéculateurs imposent leur diktat. A chaque fête de l'Aïd El Adha, le scénario est reconduit. Le sacrifice se fait au prix fort. Boukarabila a tenu à préciser qu'il ne faut pas « incriminer » les éleveurs. Ce ne sont pas eux qui jouent sur les prix. Les spéculateurs imposent leur loi dans ce marché porteur, censé apporter une réelle plus-value à l'économie nationale. « En presque deux ans, nous avons mené un travail de réflexion pour tenter de réguler au mieux le secteur alors que Sid Ahmed Ferroukhi était ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. Nous avons organisé des rencontres régionales pour prendre le pouls du secteur et connaître ses défaillances. Nous avons établi un rapport de synthèse détaillé. Maintenant, nous devons refaire le travail avec un nouveau ministre », souligne-t-il en invitant les médias à jouer eur rôle en dénonçant les barrons du bétail. Concernant le traitement des maladies pouvant atteindre les moutons, il a déclaré que les éleveurs se procurent les vaccins en deuxième main à des prix élevés. Durant les campagnes de vaccination, on constate de la manipulation. Certains bêtes en bénéficient, d'autres non. « La rigueur et le contrôle font défaut malheureusement », observe-t-il en citant la problématique de l'importation des moutons alors que l'Algérie jouit d'une autosuffisance en ce sens. « Des importateurs malveillants tentent de miner et d'affaiblir le secteur. Il faudrait bloquer ces agréments qu'on leur attribue afin de protéger et d'encourager la production nationale », recommande Boukarabila.