Photo : Slimene S.A. Les agents de sécurité de l'université Alger II (Bouzaréah) ne sont pas en mesure d'assurer la sécurité des lieux. Tel a été le message adressé hier par le recteur de l'université, Abdelkader Henni, aux enseignants et étudiants venus lui demander d'améliorer la sécurité des lieux suite à l'agression dont a été victime une étudiante en deuxième année licence de français à l'intérieur d'un amphithéâtre de l'université. « L'université enregistre un manque d'effectif sécuritaire flagrant », a rappelé le recteur. Pire. « La majorité des agents de sécurité sont âgés et redoutent les menaces de certains intrus qui s'introduisent au sein de l'université en se faisant passer pour des étudiants », reconnaît-il. Pour lui, le réaménagement de l'université doit être également fait de façon à contrôler les entrées et sorties du personnel. Mais il a promis de faire appel à une entreprise spécialisée pour déployer 30 à 40 agents de sécurité supplémentaires dans l'enceinte universitaire. Il est également question de clôturer l'université car le mur d'enceinte est abîmé sur plus de 20 mètres. Toutefois, Abdelkader Henni a rejeté toute responsabilité de l'administration dans le drame qui a failli coûter la vie à l'étudiante mercredi tout en promettant de sanctionner les agents de sécurité accusés de négligence. DES ENSEIGNANTS SCEPTIQUES Mais malgré ces assurances, les enseignants ont maintenu le gel des cours du 26 février au 1er mars. Pour M.S., enseignante de français département langue, l'agression de la jeune Sabrina est impardonnable. « Comment pouvons-nous enseigner et poursuivre notre travail dans de telles conditions ?», s'est-elle interrogée. Elle est soutenue par une autre enseignante d'anglais : «Des inconnus ou des intrus se mêlent souvent aux étudiants sans qu'on fasse attention », s'est-elle alarmée. Elle estime qu'il est inconcevable de laisser des étrangers rentrer au sein de l'université sans vérification. Même angoisse chez les étudiants. « Les agents de sécurité de l'université ne sont même pas équipés pour faire face aux agresseurs. Un agent ne pourra pas repousser des intrus s'il n'est pas équipé de moyens de défense », estime Saad, étudiant en troisième année philosophie. Révolté, cet étudiant révèle que les blocs « A » et « B », à savoir les départements Langues étrangères et Philosophie constituent de véritables pôles de transit pour des inconnus. En outre, « les salles de cours sont dépourvues de serrures », observe-t-il. Pour Habiba Bella, étudiante en quatrième année anglais, la réparation du mur d'enceinte n'est pas la solution adéquate pour résoudre ce problème. Il est impératif, selon elle, de renforcer les contrôles à l'entrée de l'université. «Les étudiants doivent être munis de leur carte », dit-elle. « De la sorte, les agents pourront faire la différence entre les universitaires et les visiteurs», affirme-t-elle. Dans un message adressé au recteur, Habiba recommande de fermer toutes les issues qui permettent aux intrus de s'introduire facilement au sein du campus. « Il faut laisser les deux entrées principales et renforcer la sécurité pour éviter le pire».