Les amateurs de la pêche ne prêtent pas attention aux conditions météorologiques. Etre passionné, c'est aimer tout et ne reculer devant rien, particulièrement quand on sait que cette pratique meuble le temps et permet l'évasion, voire une coupure avec le monde matériel. La relation entre un pêcheur amateur et la mer est très complexe, intime et très profonde. Il est le seul à vivre et à comprendre ce sentiment né d'une sensation très particulière. Comme c'est le cas de certains amateurs, anciens ou novices, qui investissent le littoral. Du complexe El Kettani (Bab El Oued) jusqu'à Aïn Benian, des pêcheurs sont là tôt le matin. La plupart d'entre eux sont âgés. Il y a les anciens du quartier et ceux qui viennent juste pour profiter de cette ambiance. Les connaisseurs sont munis de leurs matériels composés essentiellement d'une canne à pêche traditionnelle et de mie de pain ou insectes pour attirer le poisson. Les plus jeunes débarquent le week-end, avec du charbon et des barbecues. Pour eux, rien ne vaut une belle prise fraîche à consommer sur place. Selon certains, le fond regorge de beaux spécimens. « Il faut juste s'armer de patience », conseillent ces connaisseurs. « Lorsque je suis là le matin, je me considère le plus chanceux », note Omar, un sexagénaire habitant les Deux-Moulins. Dans son ensemble Shanghaï, quelques feuilles de menthe sur son oreille gauche, un couffin en osier et bien sûr sa fameuse canne à pêche, il s'installe pratiquement un jour sur deux. Retraité, il profite de son temps libre pour exercer sa passion. Avant, il pêchait occasionnellement après les heures de travail où durant les week-ends. Désormais, cette pratique est devenue un rituel. « Le cadre m'offre le calme et la concentration », dit-il. Mieux encore. Quand la pêche est bonne, c'est toute la famille et les amis qui en profitent. A La Madrague aussi, les amateurs trouvent leur compte. Selon Fateh, un jeune habitant la rue Jean-Bart à proximité de la plage appelée « La Jeunesse ». Ici, il est possible d'attraper du sar, de la daurade, du murène, du poulpe et du congre. La côte algéroise, constituée essentiellement de plateaux rocheux qui surplombent la mer et des plages de sable, offre de bonnes conditions de pêche. De Raïs Hamidou jusqu'à Aïn Benian, en passant par Hammamet, quelques plages ou criques sont difficiles d'accès. Certains propriétaires de villa, pieds dans l'eau, ont clôturé l'accès. Pour permettre aux amateurs d'y accéder, certains ont ouvert des passages étroits, sacrifiant ainsi une partie de leur terrain au service de la plaisance. Toutes ces communes chantent le soleil, sentent l'oursin et l'algue marine. Leurs habitants nagent, plongent et pêchent du poisson frais et célèbrent, ensuite, leur festin en bord de mer ou bien dans la forêt de Baïnem par exemple. La mer est certes belle de par sa couleur azur mais très polluée et rarement poissonneuse. Malgré ces quelques désagréments, elle continue de procurer un réel bonheur même si les pêcheurs rentrent souvent bredouilles. Ainsi, la pêche a toujours été l'une des activités les plus populaires de l'Algérois tout comme les parties de cartes, le domino, les soirées de football et le thé à la menthe le soir après le dîner. Des habitudes qui réunissent, au fait, familles, voisins et amis dans la joie et la bonne humeur.