Photo : Makine F. La colère des médecins résidents a provoqué l'intervention du président de l'APN, Abdelaziz Ziari. Ce dernier, qui avait tenu une réunion de travail avec les représentants des médecins en cours de spécialisation (CAMRA), tente de dénouer le conflit qui oppose les médecins résidents à leur tutelle, le ministère de la Santé depuis le 26 mars dernier, date du déclenchement de la grève illimitée. Il a proposé un moratoire national où il est question de suspendre légalement et provisoirement la loi sur le service civil en attendant qu'un audit statuera sur ce sujet. Hier, lors d'un point de presse organisé au siège de l'UNPEF, les représentants du CAMRA ont affiché leur optimisme suite à l'intervention de Abdelaziz Ziari, qui devrait se prononcer dans les prochains jours sur l'installation d'un comité qui doit mener cet audit. Les résidents qui misent sur l'intervention du président de l'APN affirment avoir rencontré les représentants du ministère de la Santé et le ministre à plus de 120 reprises sans aucun résultat. Les protestataires restent convaincus que la procédure du service civil devra changer pour qu'elle s'adapte aux besoins réels des structures de la santé qui, selon eux, sont dépourvus d'équipements. Une situation que confirme un rapport du CNES dans son document sur la stratégie de santé publique et la sécurité sanitaire nationale. Ce rapport du 25 octobre 2010, indique que «les médecins spécialistes sont affectés, pour la durée de leur service civil, dans des structures dépourvues de plateaux techniques; et faute d'avoir préparé des structures d'accueil et de travail appropriées pour le personnel médical algérien, l'Etat confie encore des activités de santé publique à des missions médicales étrangères (ce qui pouvait s'expliquer en 1962-1968 devant la pénurie de personnels médicaux) mais qui parait difficilement admissible en 2010 dans le contexte de surabondance de personnels médicaux algériens diplômes». Lors de la conférence de presse, Lyès Akhamoukh, médecin résident, membre du CAMRA et petit-fils de Hadj Akhamoukh, a demandé à ce que les médecins qui activent dans le Sud aient les mêmes salaires que les employés de la Sonatrach. Pour sa part, le président de l'association SOS Hépatite, Abdelhamid Bouallègue, a appelé à combattre le lobby des professeurs chefs de service dans les hôpitaux qui, selon lui, sont la cause de la régression de la médecine en Algérie. «Je défie le ministre de la Santé de permuter des chefs de service. Impossible, les hôpitaux sont devenus leur propriété et personne ne peut les déloger. Pourtant, ils ne consacrent que deux à trois heures de leur temps à l'hôpital public et le reste chez le privé», affirme M. Bouallègue. La conférence a vu aussi la participation du docteur Berkani Mohamed Bekkat, président du Conseil national de l'ordre des médecins, qui a relaté le marasme dans lequel se trouve le secteur de la santé depuis des années. «Nos hôpitaux sont devenus des mouroirs. La santé publique est devenue inexistante en Algérie», estime-t-il.