Toutes les trente secondes, une amputation est pratiquée dans le monde. Pour éviter ce drame qui tend à se généraliser du fait que les diabétiques algériens consultent à un stade avancé pour les lésions du pied, le service de diabétologie du CHU de Bab El-Oued a organisé, hier, à Alger un séminaire sur le pied diabétique. L'objectif, selon le professeur Fouzia Sekkal, chef du service diabétologie, est de sensibiliser les malades à venir consulter d'une part, et exhorter les pouvoirs publics à former les médecins généralistes sur les premiers gestes à entreprendre en faisant un bon pansement du pied diabétique, d'autre part. L'autre objectif de ce séminaire est l'adhésion du personnel soignant et un parrainage de la tutelle pour activer la formation. Partant du principe qu'un malade bien éduqué peut éviter l'amputation, il est urgent de mettre en place une équipe pluridisciplinaire pour prévenir l'amputation. « Nous sommes tous interpellés », a indiqué Mme Sekkal. « Le fait d'être bien surveillé, nettoyé, chaussé, lavé et séché, le pied diabétique échappe à la chirurgie », a-t-elle expliqué. Une fois le malade présenté en médecine chirurgicale, cela est vécu douloureusement par la famille et le malade. Pour Mme Sekkal, il est temps de réunir les personnes ciblées et profiter de la présence de l'équipe cubaine qui a sauvé plusieurs malades de l'amputation grâce à leur expérience qui a fait école et au produit Heberprot-P. Ce dernier stimule la granulation et accélère l'épithélialisation de l'ulcère du pied diabétique ainsi que le temps de la cicatrisation. Pour le Pr Imassoudène, le pied diabétique pose le problème du taux d'occupation dans les hôpitaux. Elle affirmera qu'il « est temps de réfléchir à la meilleure manière de prendre en charge le pied diabétique et de cesser de se jeter la balle car c'est l'affaire de tous les médecins généralistes et spécialistes. Du fait que la maladie évolue d'une manière insidieuse, une fois la gangrène avérée, elle est vécue comme une angoisse ». Dans cet optique, « la consultation doit être codifiée et organisée et le malade ne doit plus être ballotté de service en service », a indiqué le Pr Imassoudène. Elle affirmera que « 15 à 20% des diabétiques font une lésion du pied, 4 à 12% sont amputés alors que la gangrène touche 1/4 à 1/3 des lésions graves. Elle fera remarquer qu'il y a peu d'éducation sanitaire, le patient consulte tard et pour couronner le tout, il y a un manque de structures d'accueil spécialisées. Mais l'espoir demeure puisque toutes les lésions du pied diabétique n'évoluent pas vers la gangrène. C'est pour cela que la prise en charge doit être « étroite » car c'est un problème partagé, « permanente » car elle doit être effectuée tous les jours et « commune » car ce sont tous les généralistes et les spécialistes qui doivent coopérer. Le Pr Jorge Luis Valdès Napolès, chirurgien en angiologie a, quant à lui, mis l'accent sur la prévention primaire. « Le pied diabétique constitue une urgence médicale, et en aucun cas, il ne faut tarder dans l'acte chirurgical », a-t-il soutenu.