Qui aurait pu prévoir un tel acte démentiel dans un royaume paisible, plus connu pour ses paysages de carte postale, ses engagements humanitaires et sa tolérance à l'égard des réfugiés ? Ce lointain pays nordique a été à l'écart des conflits qui ont agité l'Europe, prenant davantage part aux missions de conciliation pour la paix au Sri Lanka ou au Poche Orient. C'est à Oslo que furent signés des accords de paix entre Israéliens et Palestiniens en 1993. N'ayant jamais régné sur un empire colonial même si son armée, ces dernières années, a pris part à des guerres comme celle d'Afghanistan ou de Libye, il s'est largement préservé des « représailles». Si l'attentat a surpris, les premières investigations de la police norvégienne ne le sont pas moins. Elles incriminent un «Norvégien de souche». Preuve est ainsi faite que l'Europe fait face à un nouveau défi. Le radicalisme islamiste n'est pas le seul responsable de ses malheurs. Après l'extinction des mouvements de l'extrême gauche comme les brigades rouges en Italie ou Action directe en France, le danger peut surgir d'un autre univers. Extrême droite, néo nazis ou fondamentalisme chrétien, les passerelles existent entre ces mouvances qui ont en commun le culte de la force et la haine de l'étranger. Elles refusent aussi le fonctionnement démocratique des Etats et leur gestion jugée laxiste des flux migratoires. Est-ce un hasard également si l'homme s'en est pris à des bâtiments gouvernementaux puis à une réunion de jeunes militants d'un parti politique, deux symboles d'une démocratie abhorrée ? Certes, le fondamentalisme chrétien se décline encore sous le registre de faits divers mais le terreau est favorable pour se muer en expression politique. Les services de sécurité en Europe sont conscients du danger de ces partis dont la surenchère peut se traduire en acte violent. Le scénario est identique, la crise économique et la visibilité des étrangers accroissent la légitimité des extrémistes, de plus en plus audacieux. Même s'ils se donnent des allures de respectabilité, leurs leaders ne seront jamais à l'abri, et ne peuvent se disculper des agissements criminels d'une « brebis galeuse». En Norvège, comme dans beaucoup de pays d'Europe et singulièrement de la Scandinavie les démons de l'extrême droite se réveillent. A chaque échéance électorale, ils conquièrent de nouveaux électeurs et se posent comme élément incontournable sur l'échiquier politique. Le présumé coupable du carnage de la capitale norvégienne est aussi un concentré des maux du siècle. Il est à la fois hostile à l'islam, adepte de jeux tels que «World of Warcraft» et «Modern Warfare 2». Il fait écho à toutes les dérives d'un monde désaxé Les démocraties enracinées, avec des institutions fortes et crédibles peuvent toujours trouver en elle-même la force et les moyens de dépasser de telles épreuves. «Le vendredi noir » d'Oslo n'en indique pas moins que les fruits vénéneux de la résurgence du populisme dans le vieux continent risque de faire du mal. Aux citoyens du pays eux-mêmes. Avant les étrangers dont ils avaient fait une cible de choix et la source de tous les maux.