Slimane Benaïssa, l'un des noms les plus emblématiques du théâtre algérien, est revenu à Constantine où il a présenté, dans la soirée de samedi dernier, sa dernière production intitulée «El moudja ouellat» (la vague est de retour). Ce spectacle, un monologue au titre quelque peu annonciateur, a battu le rappel des férus du théâtre à Constantine, notamment les admirateurs du style développé par Benaïssa au cours de sa carrière théâtrale, longue de plus de trois décennies. Dans «El moudja ouellat», Slimane Benaïssa est égal à lui-même, continuant à creuser avec patience et persévérance, ce sillon qui lui est propre, sa manière de dire, avec la verve d'un barde, la finesse d'un humoriste et la perspicacité de l'analyste politique visionnaire, l'Algérie, son histoire, son devenir. L'on y retrouve de la satire politique de la même veine que celle qui a fait la force et le succès des pièces phares de Slimane Benaïssa, comme «Boualem Zid El Goudem» , «Babor Ghraq», «Anta Khouya ouana Chkoun», avec «une suite de l'histoire», pour embrasser les étapes ultérieures à la période de parution de ces pièces. «El moudja ouellat» qui se veut une synthèse de ces œuvres marquantes de l'histoire du théâtre algérien, comporte une vision encore plus nuancée de l'histoire coloniale du pays et des questions abordées dans ces pièces, résultat sans doute d'une plus grande maturation de l'expérience de ce dramaturge à la fois auteur, metteur en scène et comédien. Avec le style corrosif qui est le sien, Benaïssa promène son regard de lynx sur des épisodes plus récents et plus douloureux, de l'histoire du pays, comme la décennie noire et la vague de contestation qui secoue le monde arabe. Avec le sens de la formule qui lui est reconnu, il en donne des lectures tragi-comiques, provoquant l'hilarité générale parmi le public. Pour cet homme de théâtre, ce spectacle synthèse, monté sous forme de monologue, est une étape charnière, un rappel qui va être suivi par des projets avec des théâtres du pays ou à titre individuel. Il annonce des projets de formation avec le Théâtre de Constantine, des projets de pièces avec le Théâtre de Béjaïa ainsi qu'un projet de reprise sous forme de feuilleton télévisuel du film de Rachedi sur Ben Boulaïd.