Chorégraphe de renom mais aussi psychanalyste psycho-corpologue de profession, Doudja Brahimi a accepté volontiers de répondre à nos questions. A signaler que cette artiste a beaucoup œuvré pour la sauvegarde du patrimoine et du folklore. Aujourd'hui, elle est à la tête d'une association culturelle et artistique «Corps et métaphores», depuis déjà 5 ans. Elle est implantée à Lille en France, drainant 200 élèves. Son but est de promouvoir le langage du corps. Vous avez apporté dans vos bagages une nouvelle création dans le domaine où vous excellez, l'art de la chorégraphie. Cependant, nous sommes agréablement surpris par le genre que vous venez d'adopter dans la musique andalouse, car il est quasiment impossible de danser sur une nouba. Pourquoi ce choix ? J'ai émis le souhait, l'an dernier à travers les ondes de la radio ma volonté de collaborer avec une association andalouse. A travers cette démarche, j'ai, tout simplement voulu sauvegarder nos danses populaires qui sont en déperdition. Il faut restituer notre héritage matériel et immatériel. J'ai remarqué lors de mes déplacements que les gens ont tendance à amalgamer danse orientale et danse magrébine. Pour cela, j'ai eu l'idée de créer l'association «Corps et métaphores». Notre danse est classique, de valeur et non exhibitionniste comme celle de l'Orient. Parlez-nous justement de la fusion entre l'andalou et la danse ? La musique andalouse est analogue aux danses classiques. Sauf que la technicité de la musique andalouse ne réside pas dans la résistance du corps mais dans la volupté de la gestuelle. Cette dernière est difficile à acquérir parce qu'avant d'apprendre les pas de danses, mes élèves ont dû apprendre les attitudes et les comportements d'une femme maghrébine. Comment vous avez trouvé l'accueil du public ? Exceptionnel ! Quand on a un public aussi chaleureux et aussi actif, on cède volontiers à ses sollicitations et parfois on s'oublie. Pour ma seconde visite à Alger, je repars satisfaite de mon travail. C'est magnifique ! En tant que fille d'un grand comédien, Himoud Brahimi connu sous le nom de Momo, comment voyez-vous l'avenir du théâtre algérien aussi bien amateur que professionnel ? Sans commentaire. Il est vrai que suis fille d'un comédien mais je ne vous cache pas que je n'ai pas une once d'idée sur le théâtre d'aujourd'hui. J'essaye seulement en tant que chorégraphe à travers mes spectacles de transmettre mon savoir, mes idéaux, mon point de vue et mes analyses. Aujourd'hui, ma préoccupation majeure est de réussir à intéresser et fidéliser le public. On vous reproche souvent votre rigueur, votre sens de la discipline et vos exigences trop poussées qui dérangent dans le professionnalisme de la chorégraphie. Est-ce justifié ? Je ne suis pas démagogue. Il est vrai que je suis rigoureuse, ce n'est pas un reproche mais une qualité. En bref, et ce n'est pas pour me vanter mais ce sont des qualités d'un professionnel. Vous évoluez en France. Que vous apporte cette activité pour vous-même et pour l'Algérie ? Je suis une professionnelle de l'art de la chorégraphie, j'ai donc eu la chance de jouer dans plusieurs villes du monde entier. Pour un artiste, sillonner plusieurs pays ne peut qu'enrichir sa connaissance. J'ai vécu des moments extraordinaires. J'ai découvert différents publics, réactions, enfin de diverses rencontres qui nous marquent pour la vie. Nous vivons dans une ère où la danse actuelle détrône la danse classique, qu'en pensez-vous réellement ? La danse classique est universelle mais la danse actuelle n'est qu'une mode passagère, elle est limitée dans le temps. Elle est éphémère et ne brille qu'une saison. C'est pourquoi je ne m'attache pas à cette danse. D'autres projets en perspectives ? Mon souhait est de promouvoir toutes les danses d'Algérie et de monter un ballet commun avec des musiciens algériens et des danseuses algériennes et françaises. J'aimerais aussi faire du cinéma ou du théâtre. Je suis ouverte pour toute proposition que ce soit à l'intérieur où à l'extérieur du pays. En France, j'ai déjà collaboré avec le théâtre de Lille dans des comédies musicales. Par ailleurs, je remercie l'organisation et la prise en charge de l'association «El Djazira» qui nous a particulièrement bien accueillis.