Il pleut sur certaines régions, le littoral par exemple. Il neige sur les hauteurs. Et les ménagères, femmes au foyer se précipitent vers les marchands de confiserie pour acheter les sucreries et autres douceurs afin de fêter l'évènement. Dame l'an 2960 ! Partout on se prépare à célébrer Ras el Aam, Laadjouza, Yennayer. Une fête qui revient de loin. On achète selon sa bourse et ses moyens. Fruits secs, noisettes, noix cacahuètes, figues séchées, bonbons de toutes sortes … Il y a celle qui achète peu en poids. «Juste 100gr de chaque, c'est cher». Il y a celle qui commande de grosses quantités. Il y a encore celle qui choisit le produit «extra». Et chose touchante, ce sont ces dames mariées ou célibataires, ces fées du foyer pour les premières, en apprentissage pour les dernières, qui veulent à travers ces achats perpétuer une fête locale en cassant leurs tirelire. «Yennayer qui arrive avec la pluie et la neige c'est doublement favorable. Cela présage une bonne année agricole». Ainsi s'est exprimé ce vieillard empreint de cette foi naïve, emmitouflé dans sa parka. Son interlocuteur a insisté sur les journées bienheureuses où «l'eau du ciel, don de Dieu, est tombée sans parcimonie». Il a refusé de faire le lien avec Ras El Aam, «Bidaâ», selon lui. Le bon augure est concret, qu'il vienne de ce bon mois de janvier qui s'est fait piéger par la «vieille» ou par la parole divine : «Nous faisons descendre du ciel une eau de bénédiction, pour en faire pousser des vergers et le grain de la moisson... Par elle, Nous avons donné vie à une contrée morte. Ainsi la Résurrection…»