Photo : Fouad S. Le commerce informel a atteint des proportions alarmantes depuis plusieurs années. Bien qu'un cadre législatif et réglementaire ait déjà été mis en place, il s'avère que le problème persiste toujours. A la place des Martyrs, l'artère principale regorge de revendeurs à la sauvette. Ils s'installent très tôt le matin pour écouler leur marchandise. En plus de la vente, ils guettent la moindre descente des forces de l'ordre pour remballer leur marchandise. Quotidiennement, ces jeunes sont pourchassés par les services de l'ordre public. Apparemment rien ne semble les effrayer. D'ailleurs, ils savent que leurs marchandises leurs seront rendues une fois saisies. Jeudi, une descente a eu lieu en milieu de journée, au moment où l'affluence était à son summum. A la vue de la police, les commerçants ont quitté précipitamment les lieux en prenant soin de ramasser toute leur marchandise. Ceux qui ont échappé aux interpellations, sont revenus à leur place aussitôt que la police a quitté les lieux. Quand on leur demande les raisons de leur obstination, ils rétorquent : «cette activité est très rentable ». C'est le cas de Kamel. Agé de 24 ans, qui vient de Ain Taya pour écouler sa marchandise. Ce revendeur à la criée propose des serviettes de table en papier. Très astucieux, il a convenu avec ses amis revendeurs, d'étaler leurs marchandises sur des nappes en nylon à même le sol. Les raisons ? «C'est plus facile à emporter au cas où les agents viendraient nous interpeller», dit-il. «Ici j'assure ma croûte au lieu de me rouler les pouces toute la journée », a-t-il précisé. Pour sa part, Mourad, préfère revendre des bibelots «Made In China» à 50 DA l'unité. Chez lui, les ménagères se bousculent pour dénicher un article décoratif pour leurs cuisines. «J'ai travaillé pendant une année en tant que manœuvre dans un chantier de construction, j'y ai laissé ma santé», s'est-il plaint. «Autant risquer la saisie de ma marchandise que de travailler au détriment de ma vie », a-t-il souligné. Et d'ajouter : «c'est plus facile d'investir dans les produits prisés par la gent féminine. Elles achètent et ne vous casse pas la tête». Au sujet de la police qui les pourchasse à longueur de journée, il dira: « je ne baisserai pas les bras je reviendrai à la charge. Les policiers ont tendance à oublier que leur proche viennent aussi s'approvisionner au marché informel ». Alors ? S'est-il interrogé sur un ton ironique. «Les autorités nous ont promis d'élargir les marchés de proximité. Pour l'instant nous sommes obligés de gagner notre pain», précise Karim, un vendeur à la sauvette venu des hauteurs d'Alger. En attendant, les principales rues d'Alger sont envahies par les marchandises frauduleuses et les trottoirs squattés par les revendeurs obligeant les piétons à effectuer des détours ou à emprunter les bords de routes. D'autres revendeurs ont investi les cages d'escaliers pour proposer toutes sortes de marchandises. C'est surtout le linge destiné à la gent féminin qui est tout le temps suspendu à des cintres qui basculent sur les têtes des piétons. Certains immeubles de la Rue Larbi Ben M'hidi, ont presque été transformés en boutiques spécialisées. Bien que vétuste et exhalant une indéfinissable odeur de moisi et d'humidité, ils sont devenus des endroits de prédilection pour les clientes en quête de bonnes affaires.