Anxiété Le riche commerçant de Annaba se fait du souci pour son fils Samir qui a demandé en mariage la fille d?un notable constantinois dont les ex-époux successifs sont décédés dans des circonstances mystérieuses. Le commerçant, à ce moment précis, n?avait pas le c?ur à se soucier des problèmes de quiconque, mais son altruisme, une fois encore, prenait le dessus. Cette question fit sourire l?inconnu qui répondit : «Tu es toujours aussi disponible pour les autres et c?est tout à ton honneur ! Cette fois-ci la providence me met sur ton chemin pour t?apporter le réconfort dont tu as besoin ! Je suis prêt à te venir en aide alors exige de moi ce que tu veux?» Etonné que l?homme ait pu deviner ses intimes pensées, le commerçant prit le temps de dévisager longuement son interlocuteur avant de dire d?un ton las : «Je serai la plus heureuse des créatures de Dieu, si quelqu?un pouvait m?assister maintenant, je l?avoue ! Mais es-tu réellement en mesure de le faire ?» Toujours aussi serein, l?inconnu le rassura en lui affirmant son entière disponibilité pour la moindre de ses exigences. Le commerçant lui fit part de l?intention de mariage de son fils Samir avec la belle Raoudha et du danger de mort que courait celui-ci. Les deux hommes s?entretinrent pendant un long moment à propos de cette idée de mariage et du déplacement sur la ville de Constantine qui nécessitait des préparatifs importants. Ils tombèrent d?accord sur le principe d?une expédition à laquelle participeraient trois hommes de confiance du commerçant que commanderait l?inconnu dévoué et engageant. Le voyage devait durer deux jours, rien que pour rejoindre la ville du Vieux Rocher et cela n?était pas sans danger, ce qui expliquait toutes ces précautions. Il faut dire qu?à l?époque la région était écumée par de nombreuses bandes de détrousseurs sans foi ni loi qui n?hésitaient pas à s?attaquer surtout aux voyageurs désarmés. Samir, à qui son père avait fait croire que l?inconnu était un simple serviteur qui avait été engagé pour la circonstance, avait, de son côté, préparé plusieurs colis et veillé personnellement à ce qu?ils soient chargés sur des carrosses richement harnachés. L?inconditionnel amoureux dont l?unique préoccupation était de ramener sa future épouse dans sa ville ne se soucia pas du tout du choix de l?itinéraire à prendre, pas plus qu?il ne s?inquiéta des étapes qu?impose le long voyage vers Constantine. Tous ces «détails» étaient du ressort des hommes de la suite que lui avait désignée son père? Ainsi, ils partirent très tôt le surlendemain. Le soleil n?était pas encore haut dans le ciel, que la petite équipée avait atteint Aïn Om Okba. Cette localité, distante d?une trentaine de kilomètres, avait la triste réputation de grouiller de coupeurs de route ; les accompagnateurs de Samir savaient cela et ils commencèrent à montrer des signes de nervosité. Leur crainte s?avéra juste, car sitôt le col de la Mokta dépassé, ils se trouvèrent nez à nez avec une bande d?individus armés de bâtons qui leur barrait le chemin. (à suivre...)