Une vieille femme avait un fils idiot ; elle avait aussi un bouc. Son fils lui dit : «J'emmène ce bouc pour le vendre.» «Emmène-le,» répondit-elle. L'idiot arriva au marché où il n'y avait encore personne et garda son bouc au pied d'un frêne. Sur le frêne un coucou chantait : «Fais ton prix, lui dit l'idiot, et je te le vendrai.» - «Coucou !» - «Parle donc, il est bon marché. - «Coucou !» - Je te le vends pour 2 fr. 50 cts.» - «Coucou !» - Il n'est pas cher.» - «Coucou ! Un moment après, il attacha le bouc au pied du frêne et dit au coucou : «Je te le vends.» - «Coucou !» —«Donne-moi l'argent.» «Coucou !» —«Donne-moi l'argent. — «Coucou !» — «C'est bien, je te fais crédit jusqu'à vendredi, et il partit. Il arriva chez sa mère : «Et le bouc, combien l'as-tu vendu ?» - «2 fr. 5o cts.» — «Et l'argent ?» - «Je l'ai laissé à l'acheteur.» - «C'est bien. Tu iras le chercher vendredi.» Le vendredi suivant, il retourna au marché et trouva le coucou sur le frêne : «Coucou, paie-moi, il y a déjà longtemps que tu me dois.» - «Coucou !» — «Paie-moi, je t'en prie, voilà huit jours que j'attends.» — «Coucou !» — «Paie-moi, je t'en prie.» Les bêtes sauvages avaient dévoré le bouc, le coucou ne voulut rien payer. Tout près de là était une maison en ruines : «Eh bien, s'écria l'idiot, je vais démolir ta maison.» Il se mit à démolir la masure ; en renversant les pierres, il découvrit un trésor : «Je ne prendrai, dit-il, que le prix de mon bouc.» Il emporta à sa maison les 2 fr. 5o cts ; sa mère, en le voyant, lui demanda si on l'avait payé : «J'ai été payé, répondit-il ; et qui plus est, j'ai trouvé un trésor dans sa maison.» La mère repartit : «Demain, si Dieu le permet, nous irons prendre le trésor. Durant la nuit, elle prépara des crêpes et des beignets. Ils partirent à la faveur des ténèbres ; la mère marchait derrière son fils, et jetait des crêpes en l'air : «O ma mère, s'écria l'idiot, il tombe une pluie de crêpes.» Plus loin, elle jeta des beignets. «O ma mère, s'écria l'idiot, il tombe une pluie de beignets.» Ils arrivèrent enfin aux ruines du coucou, ils trouvèrent le trésor et l'emportèrent. Dans la matinée, la vieille sortit ; son fils alla à la thadjemath et dit aux hommes réunis : «Hier, à la tombée de la nuit, nous avons apporté un trésor d'un tel endroit.» Les propriétaires du terrain étaient présents : «Tu nous le rendras, s'écrièrent-ils, ce trésor nous appartient». Ils allèrent chez la mère et lui dirent : «Ton fils nous a annoncé dans la thadjemath que vous aviez trouvé un trésor ; ce trésor nous appartient, tu nous le rendras.» - «Ne le croyez pas, répondit la mère, cet enfant est idiot.» - «Ah, oui, repartit celui-ci, c'est si vrai qu'il est tombé en route une pluie de crêpes.» - «Ne le croyez pas, répéta la mère, il est idiot.» - «Ah, oui, reprit l'enfant, c'est si vrai qu'il est tombe en route une pluie de beignets.» Alors ceux-ci dirent à la mère : «Cet enfant est un menteur, il ne tombe pas de pluie de crêpes et de beignets». Et ils ne touchèrent pas au trésor.