Prévisible C?est sur un ton plutôt laconique et apaisant que la presse tunisienne est revenue sur ce qu?elle conjugue déjà au passé : les douloureux incidents de Sfax. Les hautes autorités de l?Etat ont donné des instructions pour que l?éponge soit passée en douce. Tout en incriminant une partie des supporters algériens «frères» pour leurs comportements provocateurs et violents, avant, pendant et après le match Maroc-Algérie, les Tunisiens ont baissé le ton, hier, lorsqu?ils sont revenus sur ce drame qui a ébranlé la ville de Sfax. Rassurées par un bilan ? jugé léger?des blessés et des dégâts matériels, les autorités tunisiennes ont préféré mettre en avant les relations fraternelles et les liens d?amitié et de solidarité qui unissent les deux peuples, à l?image de l?accueil réservé par la population de Sousse aux supporters algériens de retour dimanche soir de Sfax où ils ont reçu soins et réconfort. Par ailleurs, la présence de Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Jeunesse et des Sports, a été l?occasion pour son homologue Abdallah Kaâbi de dépasser les tristes événements et de se consacrer aux relations bilatérales dans le but de redynamiser le rôle des fédérations dans les différentes disciplines sportives. Les deux hommes ont déploré ce qui s?est passé à Sfax et le ministre tunisien a fait part officiellement de ses regrets pour les dépassements et le traitement excessif des forces de l?ordre. Des témoins, que nous avons rencontrés ces deux derniers jours, nous ont confirmé l?acharnement de certains policiers sur les voitures algériennes en leur brisant vitres et pare-brise à coups de matraque. La réaction des Algériens a été aussi violente puisque les devantures de plusieurs locaux et entreprises ainsi que certains équipements dans les artères de la ville de Sfax ont été saccagés. De nombreux commerçants ont également déploré le comportement de certains supporters pour leur refus de payer les services et les marchandises qui leur ont été fournis. Du côté de notre ambassade à Tunis, le ton est plutôt virulent. Le porte-parole de notre représentation, que nous avons contacté hier, a évoqué des dépassements de la part des forces de l?ordre tunisiennes et a affirmé que des protestations officielles vont être portées en réponse à celles, nous dit-on, levées par les autorités tunisiennes. Des développements ne sont pas à écarter concernant ces incidents graves que les Tunisiens veulent à tout prix effacer pour protéger leur image de marque. La commission d?organisation de la CAF attend, pour sa part, un complément d?enquête sur les événements qui ont émaillé le débat maghrébin de Sfax avant de se prononcer demain lors du comité exécutif de l?institution continentale. A Sousse, la CAN est pratiquement terminée, même si tout à l?heure un match de demi-finale entre le Mali et le Maroc va se jouer au stade olympique. Aucune ferveur n?est ressentie, les bruyants et fêtards supporters algériens sont bien loin. Leur lieu de rassemblement, le boulevard Boudjaâfar qui donne sur la plage portant le même nom, est redevenu tristounet comme c?est le cas en cette époque de l?année. Seuls quelques touristes et couples déambulent. L?Algérie est passée par-là et pour les Sahéliens, il y aura un avant et un après-CAN 2004. C?est sur cette note que nous quittons la perle du Sahel avec une pointe de regret et de soulagement.