InfoSoir : Quelles sont les racines réelles de cette violence dans les campus et résidences universitaires ? l B. Boulegane : Je pense que cette violence dans les campus et résidences universitaires est due, en premier lieu, à la décennie de terrorisme qu'a connue notre pays. Les jeunes ont vécu des moments horribles durant cette période, et c'est ce qui explique les actes de violence que connaît l'université algérienne. Autre cause de ces violences, la saturation des campus et des résidences universitaires. On trouve six étudiants dans des chambres qui ne peuvent en accueillir que deux, et 500 étudiants dans des amphithéâtres dont la capacité d'accueil est de 200. Toute cette pression pousse les étudiants à être violents. En outre, il n' y a pas de lois qui déterminent les relations entre les étudiants, les enseignants et l'administration. Ces actes de violence ne devraient pas exister dans des lieux de savoir. Je crois que c'est très grave qu'un étudiant assassine un autre étudiant ou un professeur. Quelle est, selon vous, la solution pour mettre fin à cette violence ? lJe crois que pour mettre un terme à cette violence, il faut avant tout sensibiliser, et c'est le rôle des organisations estudiantines. Il faut organiser des campagnes de sensibilisation, des journées d'études et des rencontres afin de sensibiliser non seulement les étudiants mais tous les acteurs concernés. Pensez-vous que la charte universitaire élaborée récemment mettra fin à ce phénomène ? l Ce n'est pas uniquement grâce à cette charte que ce problème sera réglé, car c'est un moyen qui va contribuer à la lutte contre ce phénomène. Il faut renforcer cette charte, par des campagnes de sensibilisation et des journées d'études. Nous sommes la seule organisation qui a appelé à l'élaboration de cette charte. Que fait l'Unea pour lutter contre ce phénomène et sensibiliser les étudiants ? l L'Union nationale des étudiants algériens a organisé plusieurs journées d'études sur la violence en milieu universitaire à Alger et au niveau des autres wilayas. Lors de la dernière université d'été de l'Unea, nous avons appelé à lutter contre ce phénomène et à promouvoir le dialogue pour régler tous les problèmes auxquels fait face l'Université algérienne. Nous appelons tous les acteurs concernés à conjuguer leurs efforts pour mettre fin à la violence dans les campus et les résidences universitaires. *Secrétaire général de l'Union nationale des étudiants algériens (Unea) En attendant les psychologues n La décision de doter les résidences universitaires de psychologues, annoncée en 2006 par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, dont l'objectif était d'atténuer la violence et d'être à l'écoute de la communauté estudiantine, n'est pas appliquée à ce jour. «Nous allons procéder au recrutement de psychologues et à la création d'espaces de sport et de loisirs et de médiathèques à partir de la prochaine rentrée pour mettre un terme aux mouvements de protestation», avait-il annoncé. Le ministre avait déclaré que le recours des résidents des campus aux actes de violence n'est pas fortuit. Il avait estimé que ce comportement agressif était dû au manque de prise en charge psychologique et à la gestion irrationnelle des ressources humaines et matérielles au sein de ces résidences.