Rendez-vous n Le Salon international du livre se poursuit à un rythme de fréquentation effréné. Yasmina Belkacem, responsable éditorialiste des éditions Chihab, donne ses impressions sur cette 14e édition. InfoSoir : Comment se présente cette 14e édition du Sila ? Yasmina Belkacem : Elle se présente comme toutes les précédentes, c'est-à-dire toujours avec l'afflux et l'intérêt du public. Ce public est là. C'est un rendez-vous qui nous permet de renouer avec le lecteur algérien. C'est le moment aussi où les doutes que l'on a pu avoir pendant toute l'année sont balayés. Quand on voit cet intérêt, ça nous donne espoir et ça nous redonne courage pour continuer car il y a toujours des moments de doutes dans la vie d'un auteur, d'un éditeur, surtout quand les difficultés sont nombreuses, mais quand on voit l'afflux des visiteurs on se rassure et l'on se dit qu'on peut continuer et aller de l'avant. L'intérêt se traduit-il par la curiosité ou l'achat ? Les deux, bien sûr. Il ne faut pas voir l'achat comme seule opération de réussite. Même la curiosité peut être un premier pas vers la lecture. Quand les gens viennent vers les auteurs qui signent et qui ne les connaissent pas et avec lesquels ils discutent, peut-être qu'à la fin ils vont prendre le livre pour le lire ; la curiosité peut être un déclic pour la suite. Quelles sont les nouveautés de Chihab ? Nous avons une rentrée très littéraire. On a quatre romans : Liban de Yamilé Ghebalou, L'Amante de Rachid Mokhtari, Passage des larmes de Abderrahmane Ouabiri, Le passé devant soi de Gilbert Gatoré et un recueil de nouvelles. Celui-ci a pour titre L'Anniversaire. On l'a fait à l'occasion des vingt ans des éditions Chihab. Sept auteurs (Chawki Amari, Kamel Daoud, Rachid Mokhtari, Yamilé Ghebalou, Hamid Skif, Khaled Bouali et Abderahmane Wabiri) se sont associés à ce projet. Chacun a écrit un texte mais chacun l'a conçu de son point de vue. Le prix du livre est très symbolique. Il est cédé à 200 DA Pourquoi une rentrée littéraire alors que Chihab nous a habitués à une rentrée de livres sur l'histoire ? C'est vrai. Cette année on parie sur la partie littéraire plus qu'historique mais ceci n'empêche pas qu'il y a deux ouvrages historiques, à savoir des mémoires, des témoignages de gens qui ont été des acteurs de cette histoire, de cette guerre de libération. Il y a les Mémoires de Mahmoud Mestafaoui sous le titre que Afin que nul n'oublie et celles de Mohamed Merchati sous le titre Parcours d'un militant, connu comme membre de l'O.S, membre fondateur de la fédération du FLN en France et membre aussi du groupe des vingt et un. Il y a donc beaucoup de révélations et d'informations. Pourquoi avez-vous choisi la littérature ? Je dirai que ce n'était pas si prémédité que ça. Je pense qu'on va dire une évolution naturelle ces dernières années. Moi, je prends le parti de la littérature parce que je pense que c'est important d'amener les gens vers plus de liberté - La liberté passe par la fiction et la littérature -, et aussi encourager ceux qui écrivent. Etre là, disponible, à publier de jeunes auteurs c'est ce qui est d'ailleurs la logique des éditions Chihab. Ce n'est pas parce qu'il y a pénurie ? Non, non, ce n'est pas une histoire de pénurie, qu'il n'y a pas de textes. C'est seulement un choix porté cette année sur la littérature. l Les éditions Chihab fêtent leur 19e anniversaire. S'exprimant sur le parcours de la maison, Yasmina Belkacem dira : «On a commencé par les livres parascolaires, puis on a le volet histoire et littérature.» La logique des éditions Chihab consiste à miser sur la jeunesse. «Il s'agit d'aller chercher et d'accompagner de jeunes auteurs sur des textes ou sur une œuvre sur des années», explique-t-elle. Et d'ajouter : «Sur le volet de la littérature étrangère c'est la même démarche. On ne va pas forcément chercher des auteurs consacrés mais de jeunes auteurs de valeur sûre.» «Ce n'est pas seulement de la littérature, c'est aussi une façon de voir le monde et qui peut être comme un effet miroir sur ce qu'écrivent les jeunes Algériens ici et ce qu'écrivent les jeunes auteurs dans le monde.» Interrogé sur les auteurs africains édités, Yasmina Belkacem dira: «Depuis déjà quelques années, les éditions Chihab s'intéressent à la littérature africaine.» Et de préciser :«Il ne s'agit pas seulement d'une publication ponctuelle mais d'une démarche qui doit s'inscrire dans la continuité.»