Constat La littérature algérienne de langue française est en phase d?asphyxie et souffre d?ankylose. Toutefois, il y a une brèche par laquelle de jeunes écrivains, tous jeunes, s?essaient à l?écriture, à la création d?un nouveau champ thématique et tentent, en conséquence, de restaurer la littérature. Une voie nouvelle semble se dessiner. Une nouvelle tendance pointe. La création littéraire algérienne s?est dotée d?un nouveau genre d?écriture qui, par son aspect inattendu, s?inscrit dans un registre particulier : le polar. Un genre littéraire quasiment inédit dans nos pratiques d?écriture. Alors que des jeunes écrivains arrivent sur scène avec des productions littéraires répondant identiquement aux normes et adhérant à la collectivité, Adlène Meddi, lui, rompt avec la continuité, en optant pour le roman policier, une écriture qui, selon lui, s?avère mieux adaptée à sa sensibilité et épousant bien le moule de la contemporanéité, donc d?actualité. «Le genre policier est simple, rapide, odieux. Il va droit au but tout en s?amusant avec l?esprit du lecteur. C?est attrayant comme travail d?écriture», explique-t-il, ajoutant : «Le polar permet aussi de dresser des tableaux succincts et cinglants du vécu sans trop de fioritures et de rester "collé" à la réalité des choses. Pas de morale ni de leçons à donner.» Même à travers ce type d?écriture apparaît la réalité, elle se cristallise, donc. C?est vrai que le roman de Adlène Meddi, Le Casse-tête turc, paru aux éditions Barzakh, est simple, fluide, mais il est puissant et intense car il s?inscrit dans ce travail de renouvellement et du champ thématique et du champ stylistique, même s?il est sobre. Son écriture se veut accessible à cette nouvelle génération de lecteurs, une génération jeune et aussi familière. C?est une écriture se voulant un miroir dans lequel l?un comme l?autre peut aisément s?identifier. Pour rendre son écriture aisée et familière, fluide et caractéristique, Adlène Meddi utilise des vocables populaires et des expressions du genre argotique, le tout puisé dans le langage utilisé quotidiennement par l?Algérien. «J?ai juste voulu donner du relief et plus de réalisme, donc de crédibilité aux situations et aux personnages à travers des expressions d?argot algérien ; et puis, c?est un langage tellement direct, odieux et imagé qu?on ne peut s?empêcher de s?amuser avec», dit-il. Il y a, à ce niveau-là, un travail de recherche dans la construction de l?énoncé phrastique. L?on peut aussi percevoir une quête de l?esthétique. Son roman recèle ainsi une poésie personnelle. Adlène Meddi use d?une écriture colorée qui, cependant, ne traite ni de la réalité sécuritaire de notre pays ni de la condition politique de l?Algérien. N?apportant pas de jugement, elle ne cherche ni à accuser, ni à dénoncer, ni même à témoigner. En somme, elle ne s?affilie pas à ce que l?on peut appeler «littérature de l?urgence». L?écrivain se contente seulement de raconter. «Notre imaginaire est appauvri. Nous avons besoin de recréer tout un stock d?images et de fantasmagories. La littérature algérienne est en manque de mythes urbains, de renouvellement de l?image d?Alger ? et de l?Algérie du moment. De l?instant», précise-t-il. Et c?est pour cette raison que l?écrivain travaille son écriture pour créer un ensemble d?images qui, par leur caractère expressif et l?intensité de leurs couleurs, nous saisissent et nous accrochent. Adlène Meddi serait-il le pionnier d?une nouvelle manière de concevoir le roman, donc d?une nouvelle écriture à même de capter la «vraie vie», le «vrai quotidien», les «vraies scènes», loin des stéréotypes macabres que s?emploient nos «écrivains» à perpétuer dans leurs écrits puisés dans un imaginaire inusité, dépassé ? Jusque-là, rien n?est encore fait, rien n?est précis ou défini. L?acte de Adlène Meddi se résume à une tentative qui pourrait donner des idées, créer de nouvelles modalités d?écriture, tracer de nouvelles voies menant toutes vers une nouvelle littérature.