Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Taleb Ibrahimi ont choisi, aujourd?hui, awal Moharam, jour de l?an du calendrier musulman, pour officialiser leur candidature à la magistrature et mettre, du coup, fin au suspense. Le président de la République, dont la volonté de briguer un second mandat n?a jamais été démentie eu égard à ses périples de précampagne menés avec faste et décor soigné à travers les quatre coins du pays, devait annoncer sa candidature à El-Aurassi, à l?occasion de la tenue d?un conclave réunissant les milliers de comités de soutien au «président-candidat», dans ce qui devait être une grande communion entre famille. Avant d?opter définitivement pour ce choix, Bouteflika a commencé par soigner son image de marque et s?est forcé à mettre sa popularité à l?épreuve de l?applaudimètre, à travers des sorties sur un terrain fertilisé par les comités de soutien et les assurances de certains partis politiques et associations viscéralement acquis à sa cause. Celle de l?UDR de Amara Benyounès étant la toute dernière illustration. Moins «spectaculaire», mais tout aussi présent, Taleb Ibrahimi a emboîté, ce même jour, le pas à son compère. C?est la troisième personnalité politique du «front antifraude» à se porter candidate à la magistrature suprême après Ali Benflis et Saïd Sadi. Arrivant à passer sans encombres l?écueil des 75 000 signatures, le président de Wafa, non encore autorisé par les pouvoirs publics, a réitéré aujourd?hui à l?hôtel Sofitel, ses incessants appels quant à «la garantie d?un scrutin régulier» et éviter, de la sorte, que le scénario de 1999 ne se reproduise. Rappelons-le, Taleb faisait, à l?époque, partie, du staff des «six» qui s?est retiré de la course présidentielle laissant Bouteflika seul sur la ligne de départ. Awal Moharam, c?est aussi le jour choisi par Ali Benflis pour le dépôt de son dossier de candidature auprès du Conseil constitutionnel. Celui-ci, empêché par décision de justice d?activer sous la coupe du FLN, se présentera au scrutin dans la peau d?un candidat «libre», mais décidé à ne pas céder du terrain à une dissidence farouche et déterminée à lui arracher les rênes du parti FLN. Mais en plus de l?embouteillage, l?arène présidentielle n?arrive toujours pas à empêcher la saignée. Hier, en effet, c?était au tour d?Ahmed Benbitour, ancien Chef du gouvernement, d?annoncer son retrait «car les conditions pour une élection transparente ne sont pas réunies», constate-t-il, devenant ainsi le quatrième candidat à se retirer. «Une fois de plus en Algérie, les forces de la fraude auront pris le dessus sur l?argumentation convaincante en éliminant de la compétition les candidats crédibles», martèle Benbitour qui, à l?opposé de Ghozali et de Sadi décidés à rester en course en dépit des appréhensions, a définitivement jeté l?éponge.