Les Anciens tenaient en estime les figues d'Afrique que les Romains importaient chez eux en grandes quantités, mais certains auteurs, comme Martial, n'appréciaient pas les figues sèches parce qu'elles avaient une peau épaisse et parce qu'elle étaient trop sucrées. Pline, à l'inverse, faisait leur éloge et relevait leur caractère très nutritif. En tout cas, comme chez les Grecs, il en recommandait aux athlètes. La figue rappelle l'épisode de Caton qui l'a brandie au milieu du sénat pour attirer le danger que constituait Carthage pour les Romains. On sait que le sénateur s'était rendu célèbre par ses appels à faire la guerre à Carthage : «Delenda Carthago», criait-il, (il faut détruire Carthage) ! Comme ses appels ne recevaient pas d'écho, il a exhibé une figue, ramenée de Carthage. «Mais elle est fraîche !» lui objecte-t-on. — Eh bien, elle a été cueillie à Carthage, il y a à peine trois jours !» C'était pour montrer que l'ennemi était plus proche qu'on ne croyait. Après cette démonstration, Rome déclare la guerre à Carthage. C'est la troisième guerre punique. Pline, qui rapporte cette épisode, s'étonne : «Pour moi, ce qui me frappe le plus, c'est qu'une ville qui, pendant 120 ans, dispute à Rome le spectre du monde, ait dû sa ruine à une figue. La Trébie, Trazimène, Cannes, le nom romain avili, les Carthaginois à trois mille de Rome, Hannibal à la porte Celline n'émeuvent pas les Romains : une figue fait voir Carthage aux portes de Rome.»