Sévices La jeune handicapée mentale souffrait de malnutrition et son corps portait les traces de différentes blessures. Issues d?un mariage mixte, Dalila et ses deux s?urs rentrent au pays après la mort de leur mère, une Française. Leur père, originaire de Tizi Ouzou, a convolé en secondes noces avec Khadidja, une femme divorcée qui avait déjà deux filles et un garçon. Attardée mentale, Dalila avait 17 ans à la mort de son père. Ainsi depuis 1990, la pauvre adolescente subissait les affres et les sévices les plus atroces. Elle était brûlée, lardée avec une lame de couteau chauffée à blanc sur tout le corps. Elle endurait le martyre, des années durant. La malheureuse jeune fille était souvent attachée à un arbre avec du fil électrique. Elle ne mangeait que très rarement. Sa marâtre lui donnait des médicaments pour la calmer, ce qui a aggravé son état de santé. Des vomissements et des diarrhées chroniques lui avaient fait perdre énormément de poids. Elle ne pouvait plus tenir debout et restait allongée. Les voisins s?inquiétèrent et firent des remarques à la marâtre. Celle-ci n?arrêtait pas de proférer des menaces contre la jeune fille, qui aurait tenté «d?empoisonner» ses frères, selon ses dires. Pourtant, selon les voisins appelés à la barre le 28 février 2004, cette petite malheureuse torturée était d?une extrême gentillesse malgré son handicap mental. Selon des proches, elle était plutôt douce, elle s?occupait de tout à la maison et était estimée par son entourage, à l?exception de sa marâtre. L?état de santé de la jeune fille empirait. Il fallait l?hospitaliser d?urgence. Sa s?ur aînée, mariée, fut alertée par les voisins et l?a trouvée dans un taxi qui devait l?évacuer en catastrophe car elle était agonisante. Elle rendit l?âme en cours de route, elle avait 25 ans en 2002. Une plainte a été déposée contre X. Après l?enquête déclenchée en 2002, la marâtre et sa fille du premier lit Salima ont été soupçonnées d?avoir torturé Dalila jusqu?à ce que mort s?en suive. Une autopsie de la victime a été ordonnée par le procureur de la République. Le médecin légiste a été entendu et a confirmé que des traces anciennes et même récentes de brûlures couvraient tout le corps de Dalila, ainsi que des ecchymoses aux bras aux pieds sur les lèvres et la langue. Un vrai massacre du corps d?une jeune handicapée. Elle souffrait de malnutrition très grave. Les témoins étaient catégoriques : Khadidja martyrisait la petite Dalila jusqu?à la mort. Ils étaient cinq à affirmer que celle qui aurait dû être une seconde maman pour la jeune Dalila a été sa tortionnaire. Le procureur de la République a dit : «De tels agissements nous laissent perplexes et nous nous passons de tout commentaire, car comment peut-on expliquer cette sauvagerie, cette horreur venant d?une mère ? Nous demandons la prison à perpétuité aussi bien pour la mère que pour sa fille qui était sa complice.» La défense des deux accusées avait tenté de minimiser les dégâts, mais c?était peine perdue. Les faits ne plaidaient nullement en faveur de la femme bourreau. Cette femme répondit durant l?interrogatoire avec calme et pesait ses mots. Elle était restée froide et ne laissait transparaître aucun regret. Après les délibérations, le 28 février 2004, Khadidja a été condamnée à 10 ans de prison ferme, alors que sa fille a été acquittée faute de preuves.