Les forces de l'OTAN ont entamé dans la province de Kandahar, berceau des talibans dans le sud afghan, leur opération la plus ambitieuse en près de neuf ans de guerre, laquelle promet d'être un test crucial pour leur stratégie de contre-insurrection. Une grande partie des 30 000 soldats américains envoyés en renfort en Afghanistan ont commencé à converger vers Kandahar, bastion taliban longtemps négligé par les forces de la coalition, où les insurgés islamistes, chassés du pouvoir fin 2001, ont regagné du terrain. L'objectif : aider les forces afghanes à rétablir l'autorité du gouvernement dans cette vaste province, dont la capitale de 800 000 habitants est infiltrée par les talibans et les gangs criminels. L'opération va être répartie sur trois zones : les districts entourant Kandahar et servant de base aux insurgés, en particulier Zhari, à l'ouest, et Arghandab, au nord ; la périphérie immédiate de Kandahar, pour en contrôler l'accès, et l'intérieur de la capitale du Sud, où les troupes étrangères vont redoubler d'efforts pour former une police afghane peu fiable et en sous-nombre. Pour autant, les troupes comptent éviter autant que possible l'usage de la force à l'intérieur de Kandahar afin de ne pas pousser la population dans les bras des insurgés. «Ce ne sera pas Falloujah», a promis la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, en référence à l'invasion en 2004 de cette ville rebelle irakienne que les Marines avaient pratiquement détruite. Mais cette «bataille de perception» s'annonce complexe, admettent militaires et experts.