D'habitude, il est peu enclin aux affaires du football. Bien plus, l'imam de notre mosquée du quartier est plutôt tranchant, voire intransigeant, lorsqu'il s'agit de foot et tous ceux qui délaissent leurs obligations, notamment l'accomplissement des prières, pour aller courir derrière une baballe. Tous ceux qui disjonctent ou qui dévient à cause de cet opium du peuple qui a façonné la vie de ce XXIe siècle. Seulement, hier, notre imam attitré a fait exception lors de la prière du vendredi en levant les mains au ciel pour implorer Dieu afin de conduire nos chers Verts à la victoire. Une sortie inattendue, mais une (bonne) surprise pour nous tous, y compris pour les plus orthodoxes parmi nous, qui croyaient que l'imam était un anti-footeux par définition ou que le foot rimait avec l'enfer. Cet homme de religion, connu pour sa rigueur, a-t-il fait une entorse ? Non, il a juste accompli le désir de supporters venus le voir avant leur départ pour l'Afrique du Sud et qui lui ont demandé de faire une prière pour eux et pour l'Equipe nationale. L'imam a ainsi brisé un tabou et a remis les choses dans leur contexte, d'autant que l'Algérie est le seul représentant des pays arabes et musulmans dans la compétition. L'Algérie a aussi pour mission d'honorer son rang et de représenter dignement tous ceux qui croient en elle. A l'heure du coup d'envoi du match de demain, face à la Slovénie, l'imam n'aura pas été le seul à lever les mains au ciel, puisque Bougherra, Belhadj, Ziani et leurs coéquipiers accompliront leur prière habituelle, tout comme des millions d'Algériens qui se retourneront un instant vers le Créateur pour qu'Il protège les nôtres, qui d'une défaite cuisante, qui d'une défaite tout court ou qu'Il «garantisse» une victoire ou encore la guérison de tel ou tel autre joueur. Et il y a de quoi, quand on voit le nombre de blessures qui ont affecté les joueurs de l'Equipe nationale depuis le début de leur stage à Crans-Montana, à commencer par Mourad Meghni qui a dû quitter, la mort dans l'âme, ses coéquipiers pour aller se faire opérer, puis les Bougherra, Yahia, Lacen, Boudebouz, Medjani, Yebda, Matmour, Belaïd et tout récemment Djebbour. Il faut dire que le foot et la religion sont souvent liés, que ce soit sur ou hors du terrain. La ferveur l'a toujours emporté sur la tiédeur, que ce soit avec des joueurs qui lèvent le doigt au ciel, à la façon du Brésilien Kakà, ou ceux qui se prosternent comme le font les Pharaons égyptiens et tant d'autres footballeurs croyants. Que dire alors de tous ces sorciers africains qui mélangent mysticisme et croyances autour du foot qui pour beaucoup de peuples, est déjà une religion. Amen !