Le prodige se répand dans toute la région et les gens affluent pour voir celui qui l'a réalisé. On s'étonne de découvrir un jeune homme, à l'allure très digne et qui sait bien parler. Le cheikh M'hammed, lui, ne tarit pas d'éloges sur son élève et disciple. «C'est un garçon d'une grande moralité, dit-il, aux visiteurs, il est aussi d'un savoir immense, un vrai puits de science !» On fait des offrandes à la zaouïa, qui, comme la plupart des zaouïas, est pauvre et a besoin de fonds pour entretenir ses étudiants. Les notables des villages environnants viennent aussi rendre visite à celui que tout le monde considère désormais comme un saint. «Nous venons te rendre hommage, lui disent-ils, et te dire que nous serons très contents de te compter parmi nous !» Le saint, qui a reçu avec chaleur les humbles gens, s'adresse avec une certaine froideur aux notables. «Combien d'entre vous, leur dit-il, respectent les prescriptions de la religion ? Beaucoup d'entre vous se complaisent dans l'ignorance, beaucoup oublient leurs devoirs à l'égard de leur prochain !» Les notables baissent la tête. «Craignez Dieu, dit Sidi Ali et revenez sans tarder sur le droit chemin. Dieu vous pardonnera vos fautes passées !» Les hommes promettent de se montrer plus scrupuleux et surtout plus charitables avec les nécessiteux.