Résumé de la 123e partie n L'opinion est partagée à propos du docteur Petiot dont la maison regorge de cadavres : est-ce un patriote qui tue des Allemands ou un tueur en série ? Au moment des faits, Marcel André Henri Félix Petiot a quarante-sept ans. C'est apparemment un médecin honorable mais en fait c'est un escroc et même un meurtrier. Il n'est pas inutile pour le lecteur de revenir sur la carrière de cet homme qui est sans doute l'un des plus grands criminels de tous les temps. Il est issu d'une famille modeste mais son père l'a poussé à faire des études. Il travaille bien à l'école mais c'est un cleptomane. Il a tendance à voler tout ce qu'il trouve : billes, crayons, livres, nourriture... Il ne vole jamais par nécessité ni même par convoitise : il voit un objet, il doit le prendre et le mettre dans sa poche. Il donne l'apparence d'un enfant pacifique mais il lui arrive de se montrer violent. Un jour, il s'est emparé d'un revolver appartenant à son père et l'a emmené à l'école. En cours d'histoire, il saisit l'arme et tire un coup de feu en l'air ! A quinze ans, il perd sa mère. Son père ayant été transféré à Joigny, non loin d'Auxerre, il est confié, ainsi que son frère Maurice, à une tante pour finir l'année scolaire. A la fin de l'année, il est renvoyé, non pas pour mauvais résultats (on peut dire qu'il travaille bien) mais pour indiscipline et comportement immoral. En 1914, alors qu'il a dix-sept ans, il est surpris en train de voler. Il est poursuivi et la cour demande une expertise psychiatrique : c'est, conclut le rapport des experts, un garçon déséquilibré, souffrant de multiples troubles psychiques, ce qui limite sa responsabilité. Il est donc relaxé. Comme il est encore renvoyé de l'école, son père l'envoie à Paris. Il passe son baccalauréat en 1915 et l'obtient. Il a dix-huit ans. Il n'a pas été mobilisé mais mû par un esprit patriotique inattendu il s'engage volontairement. Il est incorporé dans le 89e régiment d'infanterie, et après une courte formation il est envoyé au front, dans la région d'Aisne. Blessé par un éclat de grenade, il est envoyé à l'hôpital. Durant son hospitalisation, il a donné des signes évidents de troubles mentaux. Il reprend ses études, et cette fois-ci sérieusement, avec la volonté de réussir. Il fait des études de médecine, suit un internat de psychiatrie de deux années à Evreux. Le 15 décembre 1921, il obtient son doctorat avec la mention «très bien». Ainsi, même s'il souffre d'un déficit mental, il est bel et bien médecin. Il pouvait s'installer à Paris et y faire carrière mais il préfère retourner dans son pays natal, à Villeneuve-sur-Yonne, une ville de 5 000 habitants. Il y a déjà deux médecins dont la réputation est bien établie mais Petiot sait comment s'y prendre pour leur prendre leur clientèle. Son large front, ses cheveux et surtout ses yeux dans lesquels brille une étrange lueur subjuguent aussitôt les gens. Il se montre familier avec tous, amical même, et les honoraires qu'il demande ne sont pas élevés. En fait, ce que les gens ne savent pas c'est que le docteur inscrit ses clients à l'aide médicale, ce qui fait que c'est l'Etat qui paye leurs consultations. L'Etat paye et les malades aussi de sorte que le médecin est doublement rémunéré ! Une escroquerie dont personne ne se rendra compte. Les malades qui se plaignent de douleurs se sentent mieux. En fait, si les douleurs disparaissent c'est parce que le docteur Petiot prescrit des narcotiques et même de la morphine, même pour les infections bénignes. Ces produits sont dangereux parce qu'ils provoquent une accoutumance, mais le médecin n'en a cure : l'essentiel, c'est que les malades se sentent soulagés et qu'ils disent qu'il est un bon médecin ! (à suivre...)