Résumé de la 4e partie n Godefroy demande à voir Mme le maire. Cette dernière, en réunion, ne peut le recevoir... Une fois revenu dans sa belle ferme normande aux colombages artistiques, Godefroy monte directement dans sa chambre. Il ouvre un placard qui est construit dans l'épaisseur du mur et en ressort avec un long étui de toile. Puis, il redescend et remonte dans son véhicule. Du fond de sa cuisine Mme Godefroy crie : — C'est toi, Baudouin ? Tu as oublié quelque chose ? Tu rentres pour déjeuner ? Par la fenêtre, elle aperçoit la voiture qui repart mais elle n'aperçoit pas l'étui de toile que son mari a posé sur la banquette arrière. Si elle voyait l'étui qui contient le fusil de chasse de son irascible époux, elle serait inquiète... Cette fois Baudouin Godefroy ne retourne pas à la mairie de Beautonville. Il va plus loin. Puisque Petitpont est mort et enterré, puisque Mme le maire est entourée de tout le conseil municipal, Baudouin Godefroy sait à qui il doit s'adresser. Quelques minutes plus tard la voiture de Godefroy se gare devant la maison cossue de Sébastien Beloncle, président de la Compagnie des experts judiciaires près la cour d'appel. La belle barrière peinte en blanc qui ouvre sur le jardin des Beloncle est ouverte. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Mme Beloncle et le couple attend toute la famille pour le déjeuner. Godefroy trouve aussi ouverte la porte du salon qui donne sur le jardin. Il pénètre dans la vaste pièce meublée avec un goût extrême de meubles XVIIIe et décorée de faïences anciennes, de porcelaines chinoises et de tableaux de petits maîtres impressionnistes normands. Sébastien Beloncle est à l'étage, dans son bureau, en train de mettre la main à un dossier dont on l'a chargé d'étudier. Soudain son oreille est alertée par un bruit qu'il connaît bien : le chasseur qu'il est reconnaît le bruit de la culasse d'une arme. Ce bruit n'a rien à faire dans son salon. Jamais Mme Beloncle ne s'aviserait de toucher à un des fusils qui sont rangés dans une superbe vitrine : elle a horreur de tout ce qui est arme à feu. Alors, Sébastien Beloncle ouvre la porte de son bureau et jette un œil en contrebas... Mme Beloncle, dans sa cuisine, entend deux détonations qui lui glacent le sang. Pas de doute, on vient de tirer deux coups de fusil chez elle, dans sa propre maison, dans son propre salon. Elle ne comprend pas tout de suite mais sans réfléchir elle se rue vers le centre de la maison. D'un seul regard elle voit Sébastien Beloncle, son mari tant aimé, si honnête, l'homme de sa vie depuis quarante ans. Il est là, étendu sur le tapis d'Orient. Mme Beloncle hurle : — Sébastien ! Sébastien ! Réponds-moi ! Elle ne voit pas Godefroy, qu'elle ne connaît d'ailleurs pas. Elle ne voit que son mari et cette grosse tache de sang qui s'élargit au niveau du cœur, sur la veste d'intérieur en velours qu'il aime tant. Sébastien Beloncle est mort mais elle ne le sait pas encore. Elle entend le bruit de l'arme qu'on recharge et elle ferme les yeux. Elle pense simplement : «Si Sébastien est mort, autant que l'on me tue moi aussi.» Mais la troisième détonation est celle de la décharge de chevrotines que Baudouin Godefroy a choisi de s'envoyer en pleine tête.