Le jour de l'Aïd el-Adh'a, Sidi Ahmed Benyoucef a demandé à un de ses disciples s'il voulait se sacrifier pour lui. Comme le disciple dit oui, il le fait entrer dans un hangar et ferme la porte. C'est alors qu'au dehors, on voit un filet de sang s'écouler. Alors, les disciples sont saisis de panique : le maître égorge ses disciples ! Il appelle un autre disciple : «Es-tu prêt à te sacrifier pour moi ?», lui demande-il. Le disciple a très peur, mais il répond, d'une voix sûre : «Oui.» «Alors, entre rejoindre ton compagnon !» Le disciple entre dans le hangar, la porte se referme derrière lui. Et encore Un autre filet de sang. «Il l'a égorgé ! crie-t-on. Il va tous nous égorger, le cheikh est devenu fou !» Les disciples s'éparpillent aussitôt craignant de subir le même sort. Seuls sept hommes et trois femmes ont accepté d'entrer dans le hangar. En fait, le saint n'a fait qu'égorger des moutons et il faisait sortir ses disciples par une porte dérobée. Ces fidèles d'entre les fidèles ont reçu le nom de madhbuh'in, «les immolés». Saint et thaumaturge, Sidi Ahmed Benyoucef a été aussi un homme d'action, n'hésitant pas à s'ingérer dans les affaires de la Cité et à prendre parti. C'est ainsi qu'il a critiqué, et parfois avec une grande sévérité, les hommes politiques de son époque.