Tout cela s'est passé sans que les compagnons de Sidi Musa, qui ont continué à réciter leur dikr, s'en rendent compte ! La nouvelle de la vision ne tarde pas à se répandre dans le ksar. Si des gens, qui connaissent la probité et la foi de Sidi Musa U-lmes‘ud, lui accordent crédit, d'autres traitent le saint homme de menteur. En tout cas, l'affaire fait suffisamment de bruit pour qu'elle parvienne aux autorités religieuses. Les principaux savants de l'époque – et parmi eux, il y a des saints – se réunissent à Tamentit, qui devait être le centre religieux du Gourara. Parmi les personnages connus, les sources citent deux savants : Sidi Abdelkarîm al-Maghilî et le cadi Sidi Salem al-‘Asnunî : ces deux hommes sont connus pour leurs démêlés, à propos de la présence des juifs dans le Touat. Cette fois-ci, il s'agit d'examiner une affaire en rapport avec la religion musulmane et de décider si elle est conforme avec l'orthodoxie. On devait dire si Sidi Musa Ulmes‘ud a eu réellement une vision de Dieu ou s'il a menti. «Qu'on le fasse venir !», disent les savants. On devait l'interroger et décidé, au vu de ses réponses, si son récit est véridique ou non. On va le chercher dans son ksar et l'homme, avec modestie, raconte son expérience mystique. Le récit figure dans la chronique de la vie de l'ascète (mannâqib).