À force de «voir grand», Charles Taylor, l?homme le plus détesté du Liberia ainsi que de ses voisins a fini par ne plus voir ce qui se passait chez lui. Jusqu?au bout, le «président-prédateur» a suivi sa devise : «Vois grand !» Devant la présidence, à Monrovia, pompeusement appelée «Executive Mansion», il a fait ériger un panneau géant portant sa devise favorite : «Think big» (vois grand). En toutes circonstances, mêmes difficiles, Charles Ghankay Taylor a respecté cette consigne, bien avant de devenir un «seigneur de la guerre», le premier «Warlord» africain de l?après-guerre froide. Né en 1949, d?un père afro-américain, membre de la minorité d?anciens esclaves affranchis qui a dominé le Liberia pendant 133 ans, et d?une mère «indigène», il a su franchir la barrière invisible entre Noirs colonisés et colons noirs qui, sur l?ancienne côte des Graines, se vouent une infrangible haine. Parvenu aux États-Unis pompiste, il a réussi son passage à l?université. Haut fonctionnaire à son retour au Liberia, il a détourné tant de deniers publics qu?on l?appelait «Superglu». Chef de guerre, il a voulu être chef d?État. C?est là, sans doute, qu?il a vu trop grand.