Amertume n Catherine Ashton est attendue au Proche-Orient pour répondre aux frustrations en Europe sur l'absence de l'UE dans les pourparlers de paix israélo-palestiniens. Durement critiquée, notamment par la France, pour son absence aux premières séances des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens depuis leur reprise le 2 septembre dernier à Washington, la chef de la diplomatie européenne a annoncé qu'elle allait rencontrer cette semaine encore le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l'émissaire américain George Mitchell et le président palestinien Mahmoud Abbas. Il s'agit de «trouver un moyen satisfaisant pour que les négociations continuent», a-t-elle souligné, alors que la fin du moratoire israélien sur les constructions dans les colonies risque de les compromettre. L'annonce intervient deux jours après celle de Nicolas Sarkozy. Le Président français aura des entretiens en octobre prochain à Paris avec Mahmoud Abbas, Benjamin Netanyahu et le Président égyptien. «Nous ne voulons pas être seulement des spectateurs qui voient le temps passer», a déclaré Sarkozy, lequel entend aussi faire du Sommet de l'Union pour la Méditerranée, prévu fin novembre prochain, une contribution au processus de paix. Son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ne décolère pas contre l'absence de Ashton à Washington le 2 septembre dernier. «Nous fûmes et nous sommes encore plusieurs ministres à regretter cette absence», a-t-il récemment dit à Bruxelles. Plus largement, il a, avec son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos, critiqué le manque de reconnaissance de la part des Etats-Unis du rôle de l'Europe au Proche-Orient. Pour Moratinos, «il y a encore un manque de compréhension aux Etats-Unis sur ce qu'est l'Europe». L'UE a pourtant de quoi peser dans la balance : elle est le principal bailleur de fonds des Palestiniens, en même temps que le premier partenaire commercial d'Israël qui absorbe la majorité des exportations israéliennes. Or, pour des observateurs «si l'UE ne joue pas un rôle central au Proche-Orient c'est parce que ses membres sont trop divisés quand il s'agit de faire des choix concrets», notamment pour des raisons historiques. Catherine Ashton, bombardée depuis décembre dernier à la tête de la diplomatie de la «nouvelle UE» du traité de Lisbonne censé faire parler l'Europe d'une seule voix, en a fait les frais, estime Balfour. «A sa nomination, elle a présenté le Proche-Orient comme sa priorité mais elle a probablement réalisé depuis que les résistances des Etats membres de l'UE sont assez fortes». Et bien qu'elle ait déjà effectué deux visites au Proche-Orient, avant d'y retourner cette semaine, la Haute Représentante doit généralement se contenter de «publier des communiqués empreints de bonnes intentions, réduits au plus petit dénominateur commun». Preuve s'il en est des divergences européennes à propos du Proche-Orient, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a confié ses doutes quant à l'initiative française. «Je ne suis pas certain qu'elle puisse beaucoup aider les négociations directes», a-t-il confié. «Sans les Etats-Unis, on n'y arrivera pas. Même un pays comme la France n'a pas la force de conduire la machine israélienne dans la bonne direction», a-t-il estimé. «Faire de la figuration sur les photos n'est pas l'essentiel», estime Asselborn.