Malaise n En ce moment, rien ne va plus entre l'Algérie et le Maroc, malgré la façade qu'on essaye de maintenir politiquement correcte, et pour cause : les derniers développements au Sahara occidental. Le grand derby maghrébin très attendu entre l'Algérie et le Maroc, comptant pour la troisième journée des éliminatoires de la CAN 2012 prévu le 25 mars prochain à Alger, est peut-être un peu loin, mais les événements qui se bousculent dans les territoires sahraouis occupés sont en train de faire monter la pression entre Alger et Rabat et, par ricochet, augmenter le risque de voir cette chaude empoignade sportive sortir de son cadre. Ces derniers jours, l'Algérie affiche de plus en plus son soutien au peuple sahraoui qui fait face à une montée de la répression marocaine, à travers plusieurs canaux, diplomatiques et médiatiques, notamment après la violente attaque contre le camp de Gdeim Izik qui a fait réagir l'opinion internationale et plusieurs organisations de droits de l'homme dont Human Rights Watch. Côté marocain, c'est la levée de boucliers et le premier ennemi montré du doigt n'est autre que l'Algérie qui fait l'objet d'attaques virulentes de la part du Makhzen et ce sont les populations qui se retrouvent chauffées à blanc à quelques mois seulement de la première manche de ce derby. La dernière manifestation – réunissant plus de deux millions de personnes – organisée à Casablanca et le discours prononcé il y a quelques jours par le roi Mohammed VI ont donné un aperçu sur le sentiment affiché de vouloir chauffer à blanc la rue marocaine à l'égard de l'Algérie et ce qui sera la double confrontation entre les deux pays voisins. Pourtant la rue maghrébine en général, et marocaine en particulier, avait manifesté ouvertement son soutien à notre sélection nationale lors du fameux match d'Oumdurman contre l'Egypte, mais voilà qu'à cause d'un problème récurrent, celui du Sahara occidental, le ton change et les hostilités sont déjà lancées depuis le royaume chérifien. Et la tension risque de monter d'un cran au fur à mesure qu'on se rapproche de cette rencontre du 5-Juillet car il se trouvera souvent des «pyromanes» (côté marocain) qui n'hésiteront pas à semer la haine entre deux peuples frères et très proches, quant on sait que le football est une bonne échappatoire pour les masses en mal de vivre. Personne ne se doutait que le 14 novembre 2009 allait marquer un tournant décisif dans les relations entre l'Algérie et l'Egypte après le caillassage du bus des Verts au Caire et la chasse à l'homme déclenchée contre nos supporters et tout ce qui représentait notre pays. La réplique, chez nous, ne s'est pas fait attendre et aujourd'hui, l'on a du mal à tourner cette page douloureuse entre les deux pays. Comme on dit : gouverner, c'est prévoir et il y a lieu de souligner la nécessité de mettre, de part et d'autre, des structures de veille pour éviter à ce que les événements ne dérapent à l'approche du match du 25 mars 2011 et puis le match retour prévu en juin. D'autant plus que l'étincelle risque de parvenir de la Toile où les internautes marocains et algériens peuvent d'ores et déjà se livrer une bataille qui peut faire tache d'huile sur les médias avant de gangrener les foules. Pour rappel, les Fennecs jouent pratiquement leur dernière chance dans ces éliminatoires de la CAN-2012 devant des Lions de l'Atlas qui se sont entre-temps renforcés avec l'arrivée du sélectionneur Eric Gerets et de l'apport de plusieurs nouveaux joueurs professionnels, affichant ainsi ouvertement leurs ambitions de qualification. Alors dire et avertir que la question du Sahara occidental risque de pourrir le match Algérie - Maroc, n'est qu'un doux euphémisme à prendre très au sérieux. On ne joue pas avec le feu. A. Salah-Bey