Projet n La disparition des salles de cinéma du paysage culturel est vécue par nombre de citoyens de la wilaya, surtout les jeunes accros du 7e art, comme une grande perte. Le déclin, qui s'est opéré de manière graduelle et sans qu'il y ait une quelconque réaction de la part des responsables successifs, pousse nombre de jeunes mordus de films d'action, de fiction et autres émotions fortes, à chercher d'autres sensations à travers la «Toile» ou à se rabattre sur les salles de jeux électroniques, pour ne pas errer dans les ruelles de la ville, fréquenter les cafés ou rester «collés», des heures durant, à la télévision. Sur les sept salles de cinéma que comptait autrefois la région, il n'en subsiste que trois, situées à Berrouaghia, Ksar El-Boukhari et Médéa. Cette dernière disposait, à elle seule, de quatre salles de projection, en l'occurrence Le Rex, Gamrazad, Le Mondial et Ennadjah. Construites dans les années cinquante, ces salles de cinéma entamèrent leur déclin à partir de l'année 1963, avec la fermeture de la salle de projection Ennadjah, transformée en fabrique de chaussures, puis vint le tour du cinéma Le Rex, ravagé par un incendie. L'édifice fut fermé provisoirement au public pour travaux, avant que ses propriétaires ne décident d'abandonner le projet. La structure est livrée, depuis, aux aléas du temps et à la main destructrice de l'homme. Le Gamrazad, spécialisé dans le genre moyen-oriental et indien, connaîtra également le même sort. La salle squattée, depuis des années, par des indus occupants, est contrainte à fermer ses portes au public, faute d'une solution viable à cette occupation illégale. Les propriétaires du cinéma Le Mondial ne tarderont pas, eux aussi, à se retirer du circuit. Après moult tentatives de résister aux pressions d'ordre financier, puis social, ils finiront par baisser les bras et annoncer la fermeture de la dernière salle de projection qui faisait rêver encore les jeunes. L'avènement des chaînes satellitaires et du multimédia, avec son lot d'images, de fictions et de divertissements, censé, a priori, combler le vide ressenti par les jeunes et les mordus du 7e art, a vite fait de les décevoir en raison des difficultés à accéder gratuitement à leurs chaînes préférées. Une lueur d'espoir commence toutefois à poindre à l'horizon, avec l'inscription récente d'un projet d'étude devant aboutir, à terme, à la réhabilitation de quelques-unes de ces salles obscures. Selon la direction de la culture, un projet d'étude pour la réhabilitation des salles de cinéma, situées respectivement à Médéa, Berrouaghia et Ksar El-Boukhari, vient d'être notifié au secteur de la culture. Les responsables de cette structure estiment que cette opération va permettre de redynamiser le peu de salles de projection encore «debout» dans la région, et faire en sorte qu'elles ne connaissent pas le même triste sort que les nombreuses salles de cinéma qui faisaient, autrefois, la joie des cinéphiles.