Constat n L'Union européenne reste hésitante sur l'attitude à adopter face à la vague de protestations déclenchée par la révolution tunisienne dans le monde arabe, en Egypte surtout. L'UE va tenter, demain, lundi, de tourner la page Ben Ali en Tunisie en gelant les avoirs du clan du Président déchu. Devant se réunir demain à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères européens vont adopter une décision de principe en vue de confisquer les biens du clan Ben Ali, en consultation avec le nouveau gouvernement de transition tunisien, selon plusieurs sources diplomatiques. Critiquée pour avoir tardé à réagir à la révolte partie le 17 décembre de Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, avec l'immolation par le feu d'un jeune homme qui a fait chuter, un mois plus tard, le régime de Zine El-Abidine Ben Ali, l'Union européenne tente désormais de rattraper au vol le train de l'Histoire. Après avoir laissé le sous-secrétaire d'Etat américain, Jeffrey Feltman, lui ravir la vedette à Tunis la semaine dernière, quelques jours avant qu'elle n'y dépêche, à son tour, un haut fonctionnaire européen, l'UE a invité le nouveau ministre tunisien des Affaires étrangères. Il est attendu mardi à Bruxelles pour ce qui devrait être sa première grande visite à l'étranger. La dirigeante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, compte lui réitérer une promesse de soutien pour préparer des élections et pour reprendre les négociations en vue d'accorder à son pays des préférences commerciales, notamment dans le cadre d'un «statut avancé», dont bénéficie déjà le Maroc. Mais alors que l'Europe comptait initialement centrer sa réunion de demain sur la Tunisie, l'urgence est à présent en Egypte, où le régime du Président Hosni Moubarak vacille sous la pression de la rue, après s'être appuyé pendant près de 30 ans sur un redoutable appareil policier. Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères, compte proposer à ses collègues «la constitution d'une délégation européenne de haut niveau» pour des missions «dans chacun des pays concernés par des désordres». Pour Alvaro de Vasconcelos, directeur de l'Institut d'études de sécurité de l'UE, cette dernière doit «radicalement changer sa politique de soutien au statu quo au sud de la Méditerranée», alors qu'elle a trop longtemps coopéré avec des régimes considérés comme des remparts contre l'islamisme. «C'est un vrai sujet», concède un haut responsable de l'UE, sous le couvert de l'anonymat, mais la question nécessite «une réflexion préalable, un peu de préparation». «Attention aux généralisations», prévient-il aussi. «La Tunisie est un pays bien particulier», différent des autres, «nous devons tenir compte du contexte national dans chacun des pays» concernés.