Il y a quinze jours à peine il semblait le successeur désigné de son père à la tête de l'Egypte. L'ambitieux Gamal Moubarak apparaît aujourd'hui en pleine déconfiture face à la révolte populaire et la reprise en main du régime par les militaires. La télévision d'Etat a annoncé la «démission» du bureau exécutif du PND, une instance de six membres dont Gamal Moubarak était le numéro deux, derrière le secrétaire général du parti Safouat el-Chérif. Gamal Moubarak perd aussi la présidence du comité des affaires politiques du PND. Le nouvel homme fort du PND est Hossam Badrawi, nommé secrétaire général du parti et président du comité politique à la place de Gamal Moubarak. «On a remplacé des dirigeants du PND détestés par un homme plus ouvert», affirme Moustafa Kamel Saïed, professeur de sciences politiques à l'université du Caire. «Cela éloigne Gamal de ses ambitions de succéder à son père», ajoute-t-il. Et cela pourrait aussi affaiblir le Président, «qui comptait sur son fils pour faire le lien avec le parti», estime M. Saïed. Gamal Moubarak, 47 ans, était jusqu'à récemment considéré par beaucoup comme le successeur potentiel de son père, au pouvoir depuis 1981, utilisant le PND comme une machine au service de ses ambitions. Les troubles actuels ont toutefois remis au premier plan l'institution militaire, qui cache mal la piètre opinion de ce banquier sans état de services dans l'armée. Un télégramme diplomatique américain datant de mai 2007 relevait déjà que l'armée pourrait constituer un «obstacle crucial» à une éventuelle accession de Gamal Moubarak à la tête de l'Egypte. Le fils du Président et son entourage d'hommes d'affaires adeptes d'une libéralisation accélérée de l'économie égyptienne sont également impopulaires parmi la population, dont plus de 40% vit avec moins de deux dollars par jour et par personne. 75 journalistes attaqués depuis mercredi L'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a affirmé, hier, samedi, que 75 journalistes avaient été attaqués depuis mercredi en Egypte, principalement sur la place Tahrir, au Caire. Dans un communiqué, RSF, qui dresse un premier bilan de ces violences, précise que celui-ci est «loin d'être définitif tant la liste des incidents s'allonge et tant il est difficile d'avoir un état des lieux cohérent de la situation», mais qu'il «rend déjà compte de l'incroyable envergure de la campagne de haine lancée contre la presse internationale». Selon RSF, un journaliste, Ahmed Mohammed Mahmoud, d''Al-Ahram', est mort, et 75 journalistes ont été attaqués, mais pas détenus. Soixante-douze journalistes ont été détenus pendant au moins deux heures, et RSF dit être sans nouvelles de sept autres. L'organisation de défense de la liberté de la presse note aussi que les journalistes les plus visés sont les Américains (29 dont une équipe de «Voice of America»), les Français (18), les Polonais (9), et les Qataris (7, tous d'Al-Jazeera).