Assurances n L'armée, dépositaire du pouvoir après la chute de Hosni Moubarak, a promis, hier, une «transition pacifique» vers «un pouvoir civil élu» et s'est engagée à respecter les traités internationaux, dont les accords de paix avec Israël. Des dizaines de milliers d'Egyptiens continuaient dans la soirée à fêter la chute du raïs, tombé la veille sous la pression de la rue après trois décennies au pouvoir, sur la place Tahrir, au Caire, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier. Le Conseil suprême des forces armées, une instance de dirigeants militaires, qui a pris la direction du pays, a annoncé que le gouvernement nommé par M. Moubarak quelques jours avant son départ resterait en place pour assurer la gestion des affaires courantes. L'Egypte «restera engagée envers tous ses traités régionaux et internationaux», a-t-il souligné. L'Egypte est, avec la Jordanie, le seul pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël. L'Etat hébreu, qui n'a pas caché ces derniers jours ses craintes de voir émerger au Caire un nouveau pouvoir hostile à cet accord, s'est félicité de ces «assurances», ajoutant que ce traité était «une pierre angulaire pour la paix et la stabilité dans tout le Moyen-Orient». L'armée s'est aussi engagée à une «transition pacifique du pouvoir» qui «préparera le terrain à un pouvoir civil élu en vue de construire un Etat démocratique libre», a déclaré le conseil dans ce texte, lu par un militaire à la télévision d'Etat, sans toutefois donner de calendrier. Le Président américain, Barack Obama, a salué dans la soirée cette promesse du retour à un pouvoir civil et du respect des obligations internationales de l'Egypte. «Le gouvernement actuel et les gouverneurs continueront à travailler jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé», a ajouté le conseil, dirigé par le ministre de la Défense, Mohamed Hussein Tantaoui, 75 ans, le nouvel homme fort du pays. Le gouvernement devait tenir dans la journée de ce dimanche sa première réunion depuis la démission de Moubarak, selon l'agence Mena. Dans la soirée, des dizaines de milliers de personnes étaient toujours rassemblées place Tahrir. Dans une ambiance bon enfant, elles écoutaient un groupe chanter une musique populaire arabe, des chants patriotiques. Plus tôt, de nombreux volontaires, armés de balais et de sacs, s'étaient lancés dans le nettoyage de la place. «Hier, je manifestais, aujourd'hui, je construis», proclamaient des feuilles scotchées sur leurs habits. L'armée a dégagé barricades et barbelés autour de la place et des grues ont enlevé les carcasses de voitures brûlées, rappels des violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, puis entre pro et anti-Moubarak, au cours de cette révolte qui a fait au moins 300 morts, selon l'ONU et l'organisation Human Rights Watch. Démission du ministre de l'Information Le ministre égyptien de l'Information, Anas El-Fekki, a présenté sa démission au gouvernement, qui l'a acceptée, a annoncé, hier soir, la télévision publique égyptienne, qui ne précise pas quand la démission a été présentée ni ses raisons. Quelques heures plus tôt, l'agence officielle Mena avait annoncé que M. Fekki ainsi que l'ancien Premier ministre Ahmad Nazif étaient interdits de quitter le pays, en vertu d'une décision du procureur général. «Le procureur général Abdel Maguid Mahmoud a décidé d'interdire à l'ancien Premier ministre Ahmad Nazif et au ministre de l'Information Anas El-Fekki [...] de quitter le pays au vu des plaintes déposées contre eux», a rapporté la Mena, sans plus de précision sur ce qui était reproché aux deux hommes. L'armée égyptienne, dépositaire du pouvoir après la chute du Président Hosni Moubarak vendredi, a annoncé, hier, samedi, que le gouvernement nommé par M. Moubarak quelques jours avant son départ resterait en place pour assurer la gestion des affaires courantes, «jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé».