Choix La population préfère parler de ses conditions précaires de survie que du prochain vote. Même si elle dit suivre les événements de près. Le soleil brûle Bentalha et Raïs. Ces deux localités semblent reculées et tristes. Leurs ruelles sont vides, quelques jeunes jouent aux cartes. Un peu plus loin, d?autres discutent tranquillement. Même s?ils savent que nous sommes journalistes, notre venue suscite méfiance et hostilité auprès d?une population longtemps abandonnée. Les habitants sont sur leurs gardes, ils hésitent souvent à parler ou à exprimer leur opinion. Surtout si l?on évoque les élections. D?autres osent même nous demander pour qui nous travaillons, si nous «appartenons à Benflis ou à Bouteflika» (!) C?est une population meurtrie et blasée qui ouvre ses bras. Après une décennie noire, des années de pleurs, de morts, de sang et de douleur, les rescapés relèvent à peine leur tête pour entrevoir la lumière. Même s?ils affirment aujourd?hui que la région est sécurisée et qu?ils ont survécu aux carnages, ils précisent que rien n?a changé pour eux. Leurs provinces sont abandonnées par les élus locaux, qu?ils montrent du doigt. Les élections, ils le disent bien, ne les concernent pas vraiment. Aveu acéré d?une population prostrée. Les jeunes et les pères de famille, livrés à eux-mêmes, ne savent plus où donner de la tête. Ils parlent de visa, d?argent, de réconfort et surtout d?abandon. De promesses qui n?ont pas été tenues et de projets sociaux et économiques qui n?ont jamais vu le jour. Pourtant, avec cette désillusion, ils attendent une ultime reconnaissance, ils prient qu?un jour le soleil se lève.